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 Poèmes du jour

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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 5 Nov - 1:03

Boarf, je comptais reviendre sur citadelle avec un super texte bien joyeux, histoire de changer avec le reste... ben c'est pas gagné.
Voilà un petit poème sans prétention (quoi chui pas dans le bon sujet ?), de moi (vu la pauvreté du style, comment en douter), et puis voilà.

Mélancolie

Aux rêves naissants, aux joies passagères,
Succède sans délai un sombre tourment.
Mélancolie, je t'ai déjà croisée naguère,
tu te rappelles là à mes bons sentiments.

Le genre cruel d'amante, à jamais rassasiée,
Tu reviens, d'un baiser, chercher et partager
Ce qui ne se partage point ; j'en conviens, vraiment,
Je vivrais mieux sans toi, mais sans vivre réellement.

Ta Beauté intriguante fait de moi un pantin,
Ton amour étouffant m'enveloppe, doucement.
D'une étreinte languissante, sans relâche, pour enfin,
Faire sortir le trop plein en orgasme envoûtant.

Le trop plein de bonheur, de malheur, je ne sais,
Tant la différence entre les deux n'est rien.
Ton désarroi est mien, et mon corps est tien,
Quand tu donnes, tu reprends, mais sans rendre, forcément.

Drogue dure qui détruit, drogue douce qui surprend,
Mon esprit te réclame, et ma raison se tait,
Quand je transpire contre toi en priant,
Pour que tu t'arrêtes, tout en continuant.
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Loeayn
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 5 Nov - 13:40

Eh, ben, mon p'tit, c'est bien tortueux tout ça...

Je vais te juger selon mon jugement standard des poèmes : ça a marché. Ton texte a eu une prise sur moi. Je me suis retrouvé dans les dédales et les tortures de ton cerveau, du mien, ça m'a évoqué des images. Un poème qui marche, c'est fantastique non? J'aimerais bien la recette pour les fire rouler sur le gazon, ceci dit ...


Ouch
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 5 Nov - 15:11

Mon Clive, je t'avais déjà dit tout le plaisir que j'ai pris à lire cette mélancolie là (même si j'en aurais pris tout autant à lire une joie débordante ...) lapinou

Et puis pour l'autre texte ... je te fais un mail ... j'ai absolument adoré !!! Poèmes du jour - Page 7 Tropemu Poèmes du jour - Page 7 Tropemu Poèmes du jour - Page 7 Tropemu

Enorme popo popo pour ton retour sur le net et parmi nous !!!
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 5 Nov - 16:06

Loeayn a écrit:
J'aimerais bien la recette pour les fire rouler sur le gazon, ceci dit ...

Oh tant que le gazon, tu le fumes pas... Encore que c'est peut-être ça la solution...

Ok je sors.
Gné
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Kusanagi
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeDim 15 Jan - 20:09

allez, suite à une discussion avec Nanou, dédié aux abrutis qui ne voit de Paris que la triste réalité....

Le Pont Mirabeau

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeLun 16 Jan - 18:21

Merci ma Marina ... ça donne envie de se replonger dans Apollinaire, ça ...
C'est l'effet Angel-A ??? sourire ....
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Kusanagi
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeLun 16 Jan - 21:53

sunny a écrit:
Merci ma Marina ... ça donne envie de se replonger dans Apollinaire, ça ...
C'est l'effet Angel-A ??? sourire ....

Viii... lapinou
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeMar 31 Jan - 22:36

Tiens, allez, un peu de poésie farfelue avec l'un des plus grand poète-philosophe du siécle (dernier, s'entend):
Facteur Cheval

Nous les oiseaux que tu charme toujours de haut de ces belvèdére
Et qui chaque nuit ne faisons qu'une branche fleurie de tes épaules aux bras de ta brouette bien-aimée
Qui nous arrachons plus vite que des étiencelles à ton poignet
Nous sommes les soupirs de la statue de verre qui se souléve sur le coude lorsque l'homme dort
Et que des bréches brillantes so'uvrent dans son lit
Bréches par lesquelles on peut voir des cerfs aux bois de crorail dans une clairière
Ou des femmes nues tout au fond d'une mine
Tu t'en souviens tu te levais alors tu descendais du train
Sans un regard pour la locimotive en proie aux immenses racines baromètriques
Qui se plaint dans la foret vierge de toutes ses chaudières meurtries
Ses cheminées fumant de jacinthes et et mues par des serpents bleus
Nous te precedions alors nous les plantes sujettes à métamorphose
Qui chaque nuit nous faisons des signes que l'homme peut surprendre
tandis que sa maison s'écroule et qu'il s'étonne des emboitements singuliers
Que recherche son lit avec le corridor et l'escalier
L'escalier se ramifie indéfiniment
Il méne à une porte de meule il s'élargit tout à coup sur une place publique
Il est fait de dos de cygne une aile ouverte pour la rampe
Il tourne sur lui-même come s'il allait se mordre
Mais non il se contente sur nos pas d'ouvrir toute ses marches comme des tiroirs
Tiroirs de pain tiroir de vin tiroir de savon tiroir de glace tiroir d'escalier
Tiroir de chair à la poignée de cheveux
A cette heure ou des milliers de canard de Vaucanson se lisse les plumes
Sans te retourner tu saisissais la truelle dont on fait les seins
Nous te souriions tu nous tenais par la taille
Et nous prenions les attitudes de ton plaisir
Immobile sous nos paupières pour toujours comme la femme aime voir l'homme
Aprés avoir fait l'amour

André Breton, Le revolver à cheveux blancs, 1932
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Loeayn
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeMer 1 Fév - 17:42

THE TYGER (from Songs Of Experience)
By William Blake

Tyger! Tyger! burning bright
In the forests of the night,
What immortal hand or eye
Could frame thy fearful symmetry?

In what distant deeps or skies
Burnt the fire of thine eyes?
On what wings dare he aspire?
What the hand dare sieze the fire?

And what shoulder, & what art.
Could twist the sinews of thy heart?
And when thy heart began to beat,
What dread hand? & what dread feet?

What the hammer? what the chain?
In what furnace was thy brain?
What the anvil? what dread grasp
Dare its deadly terrors clasp?

When the stars threw down their spears,
And watered heaven with their tears,
Did he smile his work to see?
Did he who made the Lamb make thee?

Tyger! Tyger! burning bright
In the forests of the night,
What immortal hand or eye
Dare frame thy fearful symmetry?

1794


------------------------------

Constantin Cavafy, ITHAQUE

Quand tu prendras le chemin vers Ithaque
Souhaite que dure le voyage,
Qu'il soit plein d'aventures et plein d'enseignements.
Les Lestrygons et les Cyclopes,
Les fureurs de Poséidon, ne les redoute pas.
Tu ne les trouveras pas sur ton trajet
Si ta pensée demeure sereine, si seuls de purs
Émois effleurent ton âme et ton corps.
Les Lestrygons et les Cyclopes,
Les violences de Poséidon, tu ne les verras pas
A moins de les receler en toi-même
Ou à moins que ton âme ne les dresse devant toi.

Souhaite que dure le voyage.
Que nombreux soient les matins d'été où
Avec quelle ferveur et quelle délectation
Tu aborderas à des ports inconnus !
Arrête-toi aux comptoirs phéniciens
Acquiers-y de belles marchandises
Nacres, coraux, ambres et ébènes
Et toutes sortes d'entêtants parfums
- Le plus possible d'entêtants parfums,
Visite aussi les nombreuses cités de l'Égypte
Pour t'y instruire, t'y initier auprès des sages.

Et surtout n 'oublie pas Ithaque.
Y parvenir est ton unique but.
Mais ne presse pas ton voyage
Prolonge-le le plus longtemps possible
Et n'atteint l'île qu’une fois vieux,
Riche de tous les gains de ton voyage
Tu n ’auras plus besoin qu'Ithaque t'enrichisse.
Ithaque t'a accordé le beau voyage,
Sans- elle, tu ne serais jamais parti.
Elle n'a rien d'autre à te donner.
Et si pauvre qu’elle te paraisse
Ithaque ne t'aura pas trompé.
Sage et riche de tant d'acquis
Tu auras compris ce que signifient les Ithaques.
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeMer 1 Fév - 18:45

Jolie surprise Loeayn.
Je retrouve toujours Blake avec plaisir et je ne connaissais pas Cavafy ... Merci.

Merci aussi pour Breton, Tuor.
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeMer 1 Fév - 21:41

C'est un plaisir que de vous faire découvrir mes poèmes (presque) préférés ! J'adore ces deux textes, pour leur beauté toute différente...

Blake, oeuvre de clair obscur, qui se joue de pas mal de choses...(notamment la réputation britannique que la rime n'est bonne qu'à la poétaille française...) Et qui reste dans la contemplation du terrible, monstrueusement beau, bref.

Et Cavafy, bien que ce ne soit pas la plus belle traduction que j'aie lu de ce poème, il est beau tout de même, et m'émeut toujours un brin, ah, Ithaque ! Ca me rappelle feu Monsieur Laurent Collombet, un des intellectuels si méconnus qu'on oublie de les adorer. Remarque, ce n'était "que" mon professeur de grec ancien (et parfois moderne), et en éclectisme-nan, c'est pas une matière du lycée, ça... C'est lui qui m'a livré ce trésor, ce poème... doux et serein.
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeMer 1 Mar - 0:44

Allez, un poème que mes deux p'tits du soir devaient apprendre, que je dédicace à Sunny, partie en hiver...

    Chanson d'hiver

    Le soleil est en congé :
    Comme il neige ! comme il neige !
    Le soleil est en congé
    ( Joli temps pour voyager ! ... )
    La froidure a délogé
    Sous la neige, sous la neige
    La froidure a délogé
    Les oiseaux du potager.

    Le soleil est en congé :
    Comme il neige ! comme il neige !
    Le soleil est en congé
    ( Quelque part à l'étranger ? ... )
    Quant à moi, flocons légers,
    Quand il neige, quand il neige,
    Quant à moi, flocons légers,
    J'aime à vous voir voltiger.

    Le soleil est en congé :
    Comme il neige ! comme il neige !
    Le soleil est en congé
    ( S'il n'a pas déménagé ! ... )
    Chacun de s'interroger,
    Tant il neige, tant il neige,
    Chacun de s'interroger :
    Jusqu'à quand va-t-il neiger ?

    Jean-Luc MOREAU, Poèmes de la souris verte
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeMer 1 Mar - 1:58

Merci Marina !!!
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeJeu 2 Mar - 15:32

Oh c'est trop mimi comme poème nanou
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeVen 3 Mar - 20:01

SAINT-AMANT (Poésies)

Le fumeur

Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux figés vers terre, et l’âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

L’espoir qui me remet du jour au lendemain,
Essaie à gagner temps sur ma peine obstinée,
Et, me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.

Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
Qu’en mon premier état il me convient descendre
Et passer mes ennuis à redire souvent:

Non, je ne trouve point beaucoup de différence
De prendre du tabac à vivre d’espérance,
Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeLun 13 Mar - 15:22

Ariettes oubliées - III

Il pleut doucement sur la ville.
(ARTHUR RIMBAUD)

Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil c'est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine !


Paul Verlaine
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeLun 13 Mar - 15:32

Roh celui là, il est pas fait pour me rajeunir!!!
Je m'en souviens comme si c'était hier dis donc.
Ben ça fait bien plaisir de revoir ce poème.
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeMer 15 Mar - 15:09

Un joli poème court, d'un de mes poètes favoris ....


La Dormeuse


Figure de femme, sur son sommeil
fermée, on dirait qu'elle goûte
quelque bruit à nul autre pareil
qui la remplit toute.

De son corps sonore qui dort
elle tire la jouissance
d'être un murmure encor
sous le regard du silence.

- Vergers (1924/1925) -
Rainer Maria Rilke
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeVen 24 Mar - 23:11

un dese mes auteurs... plus que favoris, préférés, adulés... je suis tombée dedans quand j'étais... bon, allez, petite.
ça vous indique bien l'état réelle de mes états d'âmes... l'état de mon âme réelle, ça par contre....

Moesta et errabunda
Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l'immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton coeur parfois s'envole-t-il, Agathe ?

La mer, la vaste mer, console nos labeurs !
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs,
De cette fonction sublime de berceuse ?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs !

Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate !
Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs !
- Est-il vrai que parfois le triste coeur d'Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ?

Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie,
Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé,
Où dans la volupté pure le coeur se noie !
Comme vous êtes loin, paradis parfumé !

Mais le vert paradis des amours enfantines,
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,
- Mais le vert paradis des amours enfantines,

L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine ?
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l'animer encor d'une voix argentine,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs ?

Charles Baudelaire
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeVen 24 Mar - 23:50

Philippe II d'Espagne inspira beaucoup les poètes...

Je vous mets un des poèmes les plus... cinématographique de Victor Hugo, tiré de la Légendes des Siècles... admirez le montage lapinou

LA ROSE DE L'INFANTE

    Elle est toute petite, une duegne la garde.
    Elle tient a la main une rose, et regarde.
    Quoi? que regarde-t-elle? Elle ne sait pas. L'eau,
    Un bassin qu'assombrit le pin et le bouleau;
    Ce qu'elle a devant elle; un cygne aux ailes blanches,
    Le bercement des flots sous la chanson des branches,
    Et le profond jardin rayonnant et fleuri.
    Tout ce bel ange a l'air dans la neige petri.
    On voit un grand palais comme au fond d'une gloire,
    Un parc, de clairs viviers ou les biches vont boire,
    Et des paons etoiles sous les bois chevelus.
    L'innocence est sur elle une blancheur de plus;
    Toutes ses graces font comme un faisceau qui tremble.
    Autour de cette enfant l'herbe est splendide et semble
    Pleine de vrais rubis et de diamants fins;
    Un jet de saphirs sort des bouches des dauphins.
    Elle se tient au bord de l'eau; sa fleur l'occupe.
    Sa basquine est en point de Genes; sur sa jupe
    Une arabesque, errant dans les plis du satin,
    Suit les mille detours d'un fil d'or florentin.
    La rose epanouie et toute grande ouverte,
    Sortant du frais bouton comme d'une urne ouverte,
    Charge la petitesse exquise de sa main;
    Quand l'enfant, allongeant ses levres de carmin,
    Fronce, en la respirant, sa riante narine,
    La magnifique fleur, royale et purpurine,
    Cache plus qu'a demi ce visage charmant,
    Si bien que l'oeil hesite, et qu'on ne sait comment
    Distinguer de la fleur ce bel enfant qui joue,
    Et si l'on voit la rose ou si l'on voit la joue.
    Ses yeux bleus sont plus beaux sous son pur sourcil brun.
    En elle tout est joie, enchantement, parfum;
    Quel doux regard, l'azur! et quel doux nom, Marie!
    Tout est rayon: son oeil eclaire et son nom prie.
    Pourtant, devant la vie et sous le firmament,
    Pauvre etre! elle se sent tres grande vaguement;
    Elle assiste au printemps, a la lumiere, a l'ombre,
    Au grand soleil couchant horizontal et sombre,
    A la magnificence eclatante du soir,
    Aux ruisseaux murmurants qu'on entend sans les voir,
    Aux champs, a la nature eternelle et sereine,
    Avec la gravite d'une petite reine;
    Elle n'a jamais vu l'homme que se courbant;
    Un jour, elle sera duchesse de Brabant;
    Elle gouvernera la Flandre ou la Sardaigne.
    Elle est l'infante, elle a cinq ans, elle dedaigne.
    Car les enfants des rois sont ainsi; leurs fronts blancs
    Portent un cercle d'ombre, et leurs pas chancelants
    Sont des commencements de regne. Elle respire
    Sa fleur en attendant qu'on lui cueille un empire;
    Et son regard, deja royal, dit: C'est a moi.
    Il sort d'elle un amour mele d'un vague effroi.
    Si quelqu'un, la voyant si tremblante et si frele,
    Fut-ce pour la sauver mettait la main sur elle,
    Avant qu'il eut pu faire un pas ou dire un mot,
    Il aurait sur le front l'ombre de l'echafaud.

    La douce enfant sourit, ne faisant autre chose
    Que de vivre et d'avoir dans la main une rose,
    Et d'etre la devant le ciel, parmi les fleurs.

    Le jour s'eteint; les nids chuchotent, querelleurs;
    Les pourpres du couchant sont dans les branches d'arbre;
    La rougeur monte au front des deesses de marbre
    Qui semblent palpiter sentant venir la nuit;
    Et tout ce qui planait redescend; plus de bruit,
    Plus de flamme; le soir mysterieux recueille
    Le soleil sous la vague et l'oiseau sous la feuille.

    Pendant que l'enfant rit, cette fleur a la main,
    Dans le vaste palais catholique romain
    Dont chaque ogive semble au soleil une mitre,
    Quelqu'un de formidable est derriere la vitre;
    On voit d'en bas une ombre, au fond d'une vapeur,
    De fenetre en fenetre errer, et l'on a peur;
    Cette ombre au meme endroit, comme en un cimetiere,
    Parfois est immobile une journee entiere;
    C'est un etre effrayant qui semble ne rien voir;
    Il rode d'une chambre a l'autre, pale et noir;
    Il colle aux vitraux blancs son front lugubre, et songe.
    Spectre bleme! Son ombre aux feux du soir s'allonge;
    Son pas funebre est lent, comme un glas de beffroi;
    Et c'est la Mort, a moins que ce ne soit le Roi.

    C'est lui; l'homme en qui vit et tremble le royaume.
    Si quelqu'un pouvait voir dans l'oeil de ce fantome,
    Debout en ce moment l'epaule contre un mur,
    Ce qu'on apercevrait dans cet abime obscur,
    Ce n'est pas l'humble enfant, le jardin, l'eau moiree
    Refletant le ciel d'or d'une claire soiree,
    Les bosquets, les oiseaux se becquetant entre eux.
    Non; au fond de cet oeil, comme l'onde vitreux,
    Sous ce fatal sourcil qui derobe a la sonde
    Cette prunelle autant que l'ocean profonde,
    Ce qu'on distinguerait, c'est, mirage mouvant,
    Tout un vol de vaisseaux en fuite dans le vent,
    Et, dans l'ecume, au pli des vagues, sous l'etoile,
    L'immense tremblement d'une flotte a la voile,
    Et, la-bas, sous la brume, une ile, un blanc rocher,
    Ecoutant sur les flots ces tonnerres marcher.

    Telle est la vision qui, dans l'heure ou nous sommes,
    Emplit le froid cerveau de ce maitre des hommes,
    Et qui fait qu'il ne peut rien voir autour de lui.
    L'armada, formidable et flottant point d'appui
    Du levier dont il va soulever tout un monde,
    Traverse en ce moment l'obscurite de l'onde;
    Le roi, dans son esprit, la suit des yeux, vainqueur,
    Et son tragique ennui n'a plus d'autre lueur.

    Philippe deux etait une chose terrible.
    Iblis dans le Coran et Cain dans la Bible
    Sont a peine aussi noirs qu'en son Escurial
    Ce royal spectre, fils du spectre imperial.
    Philippe deux etait le Mal tenant le glaive.
    Il occupait le haut du monde comme un reve.
    Il vivait; nul n'osait le regarder; l'effroi
    Faisait une lumiere etrange autour du roi;
    On tremblait rien qu'a voir passer ses majordomes;
    Tant il se confondait, aux yeux troubles des hommes,
    Avec l'abime, avec les astres du ciel bleu!
    Tant semblait grande a tous son approche de Dieu!
    Sa volonte fatale, enfoncee, obstinee,
    Etait comme un crampon mis sur la destinee;
    Il tenait l'Amerique et l'Inde, il s'appuyait
    Sur l'Afrique, il regnait sur l'Europe, inquiet
    Seulement du cote de la sombre Angleterre;
    Sa bouche etait silence et son ame mystere;
    Son trone etait de piege et de fraude construit;
    Il avait pour soutien la force de la nuit;
    L'ombre etait le cheval de sa statue equestre.
    Toujours vetu de noir, ce tout-puissant terrestre
    Avait l'air d'etre en deuil de ce qu'il existait;
    Il ressemblait au sphinx qui digere et se tait,
    Immuable; etant tout, il n'avait rien a dire.
    Nul n'avait vu ce roi sourire; le sourire
    N'etant pas plus possible a ces levres de fer
    Que l'aurore a la grille obscure de l'enfer.
    S'il secouait parfois sa torpeur de couleuvre,
    C'etait pour assister le bourreau dans son oeuvre,
    Et sa prunelle avait pour clarte le reflet
    Des buchers sur lesquels par moments il soufflait.
    Il etait redoutable a la pensee, a l'homme,
    A la vie, au progres, au droit, devot a Rome;
    C'etait Satan regnant au nom de Jesus-Christ;
    Les choses qui sortaient de son nocturne esprit
    Semblaient un glissement sinistre de viperes.
    L'Escurial, Burgos, Aranjuez, ses repaires,
    Jamais n'illuminaient leurs livides plafonds;
    Pas de festins, jamais de cour, pas de bouffons;
    Les trahisons pour jeu, l'auto-da-fe pour fete.
    Les rois troubles avaient au-dessus de leur tete
    Ses projets dans la nuit obscurement ouverts;
    Sa reverie etait un poids sur l'univers;
    Il pouvait et voulait tout vaincre et tout dissoudre;
    Sa priere faisait le bruit sourd d'une foudre;
    De grands eclairs sortaient de ses songes profonds.
    Ceux auxquels il pensait disaient: Nous etouffons.
    Et les peuples, d'un bout a l'autre de l'empire,
    Tremblaient, sentant sur eux ces deux yeux fixes luire.

    Charles fut le vautour, Philippe est le hibou.

    Morne en son noir pourpoint, la toison d'or au cou,
    On dirait du destin la froide sentinelle;
    Son immobilite commande; sa prunelle
    Luit comme un soupirail de caverne; son doigt
    Semble, ebauchant un geste obscur que nul ne voit,
    Donner un ordre a l'ombre et vaguement l'ecrire.
    Chose inouie! il vient de grincer un sourire.
    Un sourire insondable, impenetrable, amer.
    C'est que la vision de son armee en mer
    Grandit de plus en plus dans sa sombre pensee;
    C'est qu'il la voit voguer par son dessein poussee,
    Comme s'il etait la, planant sous le zenith;
    Tout est bien; l'ocean docile s'aplanit,
    L'armada lui fait peur comme au deluge l'arche;
    La flotte se deploie en bon ordre de marche,
    Et, les vaisseaux gardant les espaces fixes,
    Echiquier de tillacs, de ponts, de mats dresses,
    Ondule sur les eaux comme une immense claie.
    Ces vaisseaux sont sacres, les flots leur font la haie;
    Les courants, pour aider les nefs a debarquer,
    Ont leur besogne a faire et n'y sauraient manquer;
    Autour d'elles la vague avec amour deferle,
    L'ecueil se change en port, l'ecume tombe en perle
    Voici chaque galere avec son gastadour;
    Voila ceux de l'Escaut, voila ceux de l'Adour;
    Les cent mestres de camp et les deux connetables;
    L'Allemagne a donne ses ourques redoutables,
    Naples ses brigantins, Cadix ses galions,
    Lisbonne ses marins, car il faut des lions.
    Et Philippe se penche, et, qu'importe l'espace?
    Non seulement il voit, mais il entend. On passe,
    On court, on va. Voici le cri des porte-voix,
    Le pas des matelots courant sur les pavois,
    Les mocos, l'amiral appuye sur son page,
    Les tambours, les sifflets des maitres d'equipage,
    Les signaux pour la mer, l'appel pour les combats,
    Le fracas sepulcral et noir du branle-bas.
    Sont-ce des cormorans? sont-ce des citadelles?
    Les voiles font un vaste et sourd battement d'ailes;
    L'eau gronde, et tout ce groupe enorme vogue, et fuit,
    Et s'enfle et roule avec un prodigieux bruit.
    Et le lugubre roi sourit de voir groupees
    Sur quatre cents navires quatre-vingt mille epees.
    O rictus du vampire assouvissant sa faim!
    Cette pale Angleterre, il la tient donc enfin!
    Qui pourrait la sauver? Le feu va prendre aux poudres.
    Philippe dans sa droite a la gerbe des foudres;
    Qui pourrait delier ce faisceau dans son poing?
    N'est-il pas le seigneur qu'on ne contredit point?
    N'est-il pas l'heritier de Cesar? le Philippe
    Dont l'ombre immense va du Gange au Pausilippe?
    Tout n'est-il pas fini quand il a dit: Je veux!
    N'est-ce pas lui qui tient la victoire aux cheveux?
    N'est-ce pas lui qui lance en avant cette flotte,
    Ces vaisseaux effrayants dont il est le pilote
    Et que la mer charrie ainsi qu'elle le doit?
    Ne fait-il pas mouvoir avec son petit doigt
    Toits ces dragons ailes et noirs, essaim sans nombre?
    N'est-il pas, lui, le roi? n'est-il pas l'homme sombre
    A qui ce tourbillon de monstres obeit?
    Quand Beit-Cifresil, fils d'Abdallah-Beit,
    Eut creuse le grand puits de la mosquee, au Caire,
    Il y grava: 'Le ciel est a Dieu; j'ai la terre.'
    Et, comme tout se tient, se mele et se confond,
    Tous les tyrans n'etant qu'un seul despote au fond,
    Ce que dit ce sultan jadis, ce roi le pense.

    Cependant, sur le bord du bassin, en silence,
    L'infante tient toujours sa rose gravement,
    Et, doux ange aux yeux bleus, la baise par moment.
    Soudain un souffle d'air, une de ces haleines
    Que le soir fremissant jette a travers les plaines,
    Tumultueux zephyr effleurant l'horizon,
    Trouble l'eau, fait fremir les joncs, met un frisson
    Dans les lointains massifs de myrte et d'asphodele,
    Vient jusqu'au bel enfant tranquille, et, d'un coup d'aile,
    Rapide, et secouant meme l'arbre voisin,
    Effeuille brusquement la fleur dans le bassin,
    Et l'infante n'a plus dans la main qu'une epine.
    Elle se penche, et voit sur l'eau cette ruine;
    Elle ne comprend pas; qu'est-ce donc? Elle a peur;
    Et la voila qui cherche au ciel avec stupeur
    Cette brise qui n'a pas craint de lui deplaire.
    Que faire? le bassin semble plein de colere;
    Lui, si clair tout a l'heure, il est noir maintenant;
    Il a des vagues; c'est une mer bouillonnant;
    Toute la pauvre rose est eparse sur l'onde;
    Ses cent feuilles que noie et roule l'eau profonde,
    Tournoyant, naufrageant, s'en vont de tous cotes
    Sur mille petits flots par la brise irrites;
    On croit voir dans un gouffre une flotte qui sombre.
    --'Madame,' dit la duegne avec sa face d'ombre
    A la petite fille etonnee et revant,
    'Tout sur terre appartient aux princes, hors le vent.'
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeVen 24 Mar - 23:51

Et maintenat, toujours sur philippe, le poème de Verlaine aux accents les plus hugoliens, justement...

La mort de Philippe II

À Louis-Xavier de Ricard

Le coucher d'un soleil de septembre ensanglante
La plaine morne de l'âpre arête des sierras
Et de la brume au loin l'installation lente.

Le Guadarrama pousse entre les sables ras
Son flot hâtif qui va réfléchissant par places
Quelques oliviers nains tordant leurs maigres bras.

Le grand vol anguleux des éperviers rapaces
Raye à l'ouest le ciel mat et rouge qui brunit,
Et leur cri rauque grince à travers les espaces.

Despotique, et dressant au-devant du zénith
L'entassement brutal de ses tours octogones,
L'Escurial étend son orgueil de granit.

Les murs carrés, percés de vitraux monotones,
Montent droits, blancs et nus, sans autres ornements
Que quelques grils sculptés qu'alternent des couronnes.

Avec des bruits pareils aux rudes hurlements
D'un ours que des bergers navrent de coups de pioches
Et dont l'écho redit les râles alarmants,

Torrent de cris roulant ses ondes sur les roches
Et puis s'évaporant en des murmures longs,
Sinistrement dans l'air du soir tintent les cloches.

Par les cours du palais, où l'ombre. met ses plombs,
Circule - tortueux serpent hiératique -
Une procession de moines aux frocs blonds

Qui marchent un par un, suivant l'ordre ascétique,
Et qui, pieds nus, la corde aux reins, un cierge en main,
Ululent d'une voix formidable un cantique.

- Qui donc ici se meurt ? Pour qui sur le chemin
Cette paille épandue et ces croix long-voilées
Selon le rituel catholique romain ? -

La chambre est haute, vaste et sombre. Niellées,
Les portes d'acajou massif tournent sans bruit,
Leurs serrures étant, comme leurs gonds, huilées.

Une vague rougeur plus triste que la nuit
Filtre à rais indécis par les plis des tentures
À travers les vitraux où le couchant reluit,

Et fait papilloter sur les architectures,
À l'angle des objets, dans l'ombre du plafond,
Ce halo singulier qu'on voit dans les peintures.

Parmi le clair-obscur transparent et profond
S'agitent effarés des hommes et des femmes
À pas furtifs, ainsi que les hyènes font.

Riches, les vêtements des seigneurs et des dames,
Velours, panne, satin, soie, hermine et brocart,
Chantent l'ode du luxe en chatoyantes gammes,

Et, trouant par éclairs distancés avec art
L'opaque demi-jour, les cuirasses de cuivre
Des gardes alignés scintillent de trois quart.

Un homme en robe noire, à visage de guivre,
Se penche, en caressant de la main ses fémurs,
Sur un lit, comme l'on se penche sur un livre.

Des rideaux de drap d'or roides comme des murs
Tombent d'un dais de bois d'ébène en droite ligne,
Dardant à temps égaux œil des diamants durs.

Dans le lit, un vieillard d'une maigreur insigne
Égrène un chapelet, qu'il baise par moment,
Entre ses doigts crochus comme des brins de vigne.

Ses lèvres font ce sourd et long marmottement,
Dernier signe de vie et premier d'agonie,
- Et son haleine pue épouvantablement.

Dans sa barbe couleur d'amarante ternie,
Parmi ses cheveux blancs où luisent des tons roux
Sous son linge bordé de dentelle jaunie,

Avides, empressés, fourmillants, et jaloux
De pomper tout le sang malsain du courant fauve,
En bataillons serrés vont et viennent les poux.

C'est le Roi, ce mourant qu'assiste un mire chauve,
Le Roi Philippe Deux d'Espagne, - Saluez ! -
Et l'aigle autrichien s'effare dans l'alcôve,

Et de grands écussons, aux murailles cloués,
Brillent, et maints drapeaux où l'oiseau noir s'étale
Pendent deçà delà, vaguement remués !...

- La porte s'ouvre. Un flot de lumière brutale
Jaillit soudain, déferle et bientôt s'établit
Par l'ampleur de la chambre en nappe horizontale ;

Porteurs de torches, roux, et que l'extase emplit,
Entrent dix capucins qui restent en prière :
Un d'entre eux se détache et marche droit au lit.

Il est grand, jeune et maigre, et son pas est de pierre,
Et les élancements farouches de la Foi
Rayonnent à travers les cils de sa paupière ;

Son pied ferme et pesant et lourd, comme la Loi,
Sonne sur les tapis, régulier, emphatique ;
Les yeux baissés en terre, il marche droit au Roi.

Et tous sur son trajet dans un geste extatique
S'agenouillent, frappant trois fois du poing leur sein ;
Car il porte avec lui le sacré Viatique.

Du lit s'écarte avec respect le matassin,
Le médecin du corps, en pareille occurrence,
Devant céder la place, Âme, à ton médecin.

La figure du Roi, qu'étire la souffrance,
À l'approche du fray se rassérène un peu.
Tant la religion est grosse d'espérance !

Le moine cette fois ouvrant son œil de feu
Tout brillant de pardons mêlés à des reproches,
S'arrête, messager des justices de Dieu.

- Sinistrement dans l'air du soir tintent les cloches

Et la Confession commence.
Sur le flanc Se retournant, le roi, d'un ton sourd, bas et grêle,
Parle de feux, de juifs, de bûchers et de sang.

- " Vous repentiriez-vous par hasard de ce zèle ?
" Brûler des juifs, mais c'est une dilection !
" Vous fûtes, ce faisant, orthodoxe et fidèle. " -

Et, se pétrifiant dans l'exaltation,
Le Révérend, les bras en croix, tête dressée,
Semble l'esprit sculpté de l'Inquisition.

Ayant repris haleine, et d'une voix cassée,
Péniblement, et comme arrachant par lambeaux
Un remords douloureux du fond de sa pensée,

Le Roi, dont la lueur tragique des flambeaux
Éclair le visage osseux et le front blême,
Prononce ces mots : Flandre, Albe, morts, sacs, tombeaux.

- " Les Flamands, révoltés contre l'Église même,
" Furent très justement punis, à votre los,
" Et je m'étonne, ô Roi, de ce doute suprême.

" Poursuivez. " - Et le Roi parla de don Carlos.
Et deux larmes coulaient tremblantes sur sa joue
Palpitante et collée affreusement à l'os.

- " Vous déplorez cet acte, et moi je vous en loue !
" L'Infant, certes, était coupable au dernier point,
" Ayant voulu tirer l'Espagne dans la boue

" De l'hérésie anglaise, et de plus n'ayant point
" Frémi de conspirer - ô ruses abhorrées ! -
" Et contre un Père, et contre un Maître, et contre un Oint ! " -

Le moine ensuite dit les formules sacrées
Par quoi tous nos péchés nous sont remis, et puis,
Prenant l'Hostie avec ses deux mains timorées,

Sur la langue du Roi la déposa. Tous bruits
Se sont tus, et la Cour, pliant dans la détresse,
Pria, muette et pâle, et nul n'a su depuis

Si sa prière fut sincère ou bien traîtresse.
- Qui dira les pensers obscurs que protégea
Ce silence, brouillard complice qui se dresse ? -

Ayant communié, le Roi se replongea
Dans l'ampleur des coussins, et la béatitude
De l'Absolution reçue ouvrant déjà

Œil de son âme au jour clair de la certitude,
Épanouit ses traits en un sourire exquis
Qui tenait de la fièvre et de la quiétude.

Et tandis qu'alentour ducs, comtes et marquis,
Pleins d'angoisses, fichaient leurs yeux sous la courtine,
L'âme du Roi mourant montait aux cieux conquis.

Puis le râle des morts hurla dans la poitrine
De l'auguste malade avec des sursauts fous :
Tel l'ouragan passe à travers une ruine.

Et puis, plus rien ; et puis, sortant par mille trous,
Ainsi que des serpents frileux de leur repaire,
Sur le corps froid les vers se mêlèrent aux poux.

- Philippe Deux était à la droite du Père.
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 25 Mar - 11:49

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
Cache moins de secrets que mon triste cerveau.
C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune.
- Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morose incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité.
- Désormais tu n'es plus, ô matière vivante!
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.


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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 25 Mar - 14:31

Dante écrit deux vers

Dante écrit deux vers, puis il sort ; et les deux vers
Se parlent. Le premier dit : - Les cieux sont ouverts.
Cieux ! je suis immortel. - Moi, je suis périssable.
Dit l'autre. - je suis l'astre. - Et moi le grain de sable.
- Quoi ! tu doutes étant fils d'un enfant du ciel !
- Je me sens mort. - Et moi, je me sens éternel.
Quelqu'un rentre et relit ces vers, Dante lui-même :
Il garde le premier et barre le deuxième.
La rature est la haute et fatale cloison.
L'un meurt, et l'autre vit. Tous deux avaient raison.

Victor Hugo
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 25 Mar - 16:50

Dieu sait que j'aime la poésie ... et que je ne crache pas sur Victor Hugo ... mais en lisant, relisant et rerelisant cet extrait, Marina, je n'ai pu m'empêcher de penser aux deux vers de Nicolas Boileau :

"Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement
Et le mots pour le dire, arrivent aisément ..."

Et dans ce cas précis, j'avoue que je n'ai pas trouvé le grand Victor d'une clarté éblouissante ... (et même plutôt hermétique ninja ).

Je serais d'ailleurs reconnaissante pour toute explication, qu'on voudra bien me fournir ...
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MessageSujet: Re: Poèmes du jour   Poèmes du jour - Page 7 I_icon_minitimeSam 25 Mar - 19:06

ben, moi, je l'ai pas trouvé très compliqué, le poème hum...
(tu parles bien de celui sur Dante? Parce que l'autre, sinon, je te parle plus! )
Mon frère le trouve super simple, mais je veux bien faire explication de texte:

2 vers, écrit par Dante, discutent, l'un se disant immortel, et l'autre périssable.
Quand Dante revient, il les relit, en élimine un, ce qui montre que les deux avaient raison... celui qui reste devient immortel, étant l'oeuvre d'un grand auteur... Dante. Celui raturé n'existe plus à la postérité.

Voilà arigato
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