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 C'est pas moi, c'est pour ma copine

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leeloo
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leeloo


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MessageSujet: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeMer 2 Fév - 16:22

Vous m'avez forcée, à vous d'assumer. Puis de toute façon, c'est pas moi qui l'ai écrit, c'est ma copine, mais elle est trop timide pour... etc, tout le monde connaît la rengaine.
En espérant que ça vous amusera autant que moi... *sourire*

Dors bien, maintenant.

Je suis obligée de boire pour trouver le sommeil. Je ne m’endors que comme ça, depuis que maman est morte.
Je revois ses derniers instants. Son visage décomposé. Elle essayait de sourire parfois, mais elle était encore plus terrifiante, sur son lit tellement blanc qu’il paraissait jaune. Comme elle.
Je bois parce que j’ai peur des mains qui me frôlent la nuit, des images qui me hantent, j’ai reçu un signal de la Mort, Elle ne m’est plus étrangère : désormais, Elle fait partie de ma vie. Mais je me trouve bien trop jeune pour mourir, et puis quoi, je ne peux pas encore mourir, c’est vrai, je ne suis pas prête, elle me fait peur, la Mort, je ne l’aime pas, je ne veux pas d’Elle, pas encore…
Quand j’ai le goût sucré de l’alcool collé sur le palais, j’arrive à me détendre, à fermer les yeux sans hurler de terreur. Puis, après une lutte difficile… je peux réussir à dormir… un peu…
Depuis que maman est morte, je suis encore plus seule. Elle comptait beaucoup pour moi. Elle était une de ces rares personnes qui me regardait sans me haïr. Expliquer aux gens pourquoi on est comme on est n’est vraiment pas une tâche facile. Je n’ai d’ailleurs que rarement réussi, et j’ai finalement abandonné ce combat-là.
J’ai offert le plus beau cadeau qui soit à maman, pour son anniversaire, en réalité, je ne sais même pas la date de sa naissance parce qu’elle l’a toujours ignorée elle aussi, mais je suis arrivée un jour, il faisait bizarrement beau comme si on était le premier jour des vacances, en
été, et je lui ai offert ma sexualité.
Mon homosexualité.
On a fêté ça en buvant. Maman avait une douleur constante dans le regard, comme si elle savait trop de choses, on aurait dit qu’elle n’avait jamais été enfant. Ce jour-là, on est allées dans le jardin, on s’est allongées, et elle paraissait presque légère. Ce qui est étrange quand on y pense, puisque je venais de lui offrir le plus lourd des secrets.
Au moins je ne le portais plus toute seule.
Même si je ne l’ai jamais réellement porté… Si les yeux de maman étaient empreints de douleur, les miens étaient admirables par leur silence : ils n’exprimaient rien. Un vide presque angoissant pour qui me fixait trop longtemps.
Je n’ai jamais ressenti ni peine, ni joie, ni colère. Je n’ai jamais vu le regard des autres. Leurs paroles. Je traverse le temps, transparente.
Je souris peu parce que c’est un exercice plus fatigant qu’autre chose, et je déteste voir des gens qui sourient sans qu’ils sachent eux-mêmes pourquoi. Quand on leur demande, ils ont le culot de dire qu’ils ont vu quelque chose de beau. Ou de touchant. Ou pire, ils sont amoureux.
J’ai déjà embrassé une fille, plusieurs, même.
La première fois, j’avais sept ans, j’étais devenue martyre de cette poupée blonde qui était mon maître, mon dieu. Je lui obéissais sans peur, sans même me poser de questions, car, qu’aurais-je pu faire d’autre ? Je me serais ennuyée, sans elle. Elle m’embrassait très mal, comme un chef d’armée maladroit, sanguinaire sans âme.
Puis il y a eu Valérie. Un corps de diable. On avait 15 ans. Ma première fois. Quand ça a été terminé, je me suis relevée, et je suis partie. Parce que ça ne m’intéressait pas de voir son visage au réveil, ça ne m’intéressait pas de continuer. Valérie semblait être homosexuelle juste pour tourmenter ses parents. Je n’ai jamais compris pourquoi ça pouvait être un tourment.
J’ai eu beaucoup d’expériences, je crois. J’ai une âme, mais pas de cœur. J’enchaîne, je déroule, je m’enroule. Je glisse, je tue. J’ai connu des filles dans des couloirs un peu froids, des studios un peu étroits, j’en ai connues dans des bars. Elles essayaient éperdument de me voler le peu d’humanité qui sommeille en moi. Elles n’ont jamais réussi.
J’étais amoureuse de maman.
C’était la plus belle. J’ai passé beaucoup de temps à observer sa maison, sans jamais lui dire que j’étais là. Maman aimait les garçons, apparemment elle les aimait beaucoup.
J’avais peur qu’ils prennent ma place. Un matin, j’en ai suivi un, quand il sortait de la maison. Il était jeune, le regard un peu affolé. Un reste de leur nuit, certainement.
J’ai foncé sur lui, et j’ai souri. J’ai habillé mon regard d’un habit qu’il connaît peu : le velours. Je voulais absolument goûter la peau de ce garçon, sentir là où maman avait posé ses lèvres, je voulais qu’il entre en moi comme il était entré en elle, pour comprendre.
J’ai eu très mal. Mais je n’ai jamais été aussi heureuse que pendant ce moment de grâce. Un garçon, ça pique, ça pique. J’ai cru qu’il avait cassé quelque chose dedans, il y avait un peu de sang. J’ai tout léché, comme un petit chien. Maman m’aurait peut-être grondé, si elle avait vu ce sang. Je ne voulais pas qu’elle me gronde.
Baptiste n’avait pas beaucoup d’expérience, il était affolé en voyant mon corps nu. J’avais très envie de lui demander si je ressemblais à maman. Je n’ai pas osé. J’ai lapé tout son corps, pour sentir le goût de maman. Sa peau, la peau du garçon, avait une saveur étrange, qui donnait envie de continuer, toujours, toujours.
C’est étrange, j’ai dormi et il est parti avant moi. Il m’avait laissée seule chez lui. Avec juste un papier, des mots dessus, il allait revenir, je devais attendre.
Je suis partie.
Pour aller chez maman.
Quand je suis arrivée chez elle, elle était dans un fauteuil, un peu blanche, elle m’a demandé de l’eau, et elle a fait tomber son verre. Elle tremblait beaucoup.
J’ai appelé le docteur. Qui a appelé l’hôpital.
Elle n’en est plus jamais ressortie.
C’était très malheureux pour elle, parce que les garçons ne venaient plus la voir.
Alors, pour lui rendre service, j’ai pris sa place.
Je me suis installée dans sa maison. Et des garçons ont bien voulu de moi. Ils étaient moins bien que le premier, parce que lui avait encore sur lui la chaleur de maman, mais j’étais obligée, maman ne pouvait plus s’amuser, alors je devais jouer pour elle.
Vivre pour ceux qui meurent. C’est la loi.
Parfois, après tout ça, je disais au garçon qu’il pouvait rester un peu. Il prenait un verre. On n’allumait pas, par contre, on buvait dans le noir du salon. Il y avait le lampadaire dans la rue, de toute façon. C’était très silencieux, j’aimais beaucoup ça. Parfois, ça redonnait des envies au garçon, alors j’étais obligée de céder.
Ils étaient rarement autorisés à dormir. Ce n’est arrivé qu’avec des hommes qui portaient une alliance. Je me suis dit que c’était pas grave qu’ils dorment là, parce qu’ils allaient forcément retourner chez leur femme, et moi ça m’arrangeait bien. Ceux qui n’avaient pas d’alliance ne pouvaient pas rester dormir chez maman.
Mais ça ne la guérissait pas du tout, maman, au contraire elle allait très mal à l’hôpital, mais d’un autre côté, j’étais très contente : je pouvais m’occuper d’elle, beaucoup. Elle était gênée que je m’occupe autant d’elle, mais moi ça me faisait très plaisir.
Elle restait très belle, même si elle avait moins de cheveux, et qu’elle ne dansait plus. Elle dormait beaucoup, en fait. Et je la regardais dormir. Son corps, son pauvre corps, j’aurais aimé le serrer très fort dans mes bras, et qu’elle finisse par guérir.
Chaque jour où elle allait mal, je faisais tout mon possible pour que ça se passe bien avec le garçon du soir. Je me disais qu’en m’appliquant, ça allait marcher, qu’elle allait pouvoir revenir, et moi alors je lui aurais rendu sa place.
Seulement ça n’a pas très bien fonctionné. Le docteur m’a expliqué, son cancer était trop grave, elle aurait dû se soigner plus tôt, bien plus tôt. Il était bête, parce qu’on ne peut pas se soigner si on ne sait pas qu’on est malade, mais un jour elle me l’a dit, elle le savait depuis longtemps. Mais comme elle se trouvait encore jeune et belle, elle voulait en profiter, encore un tout petit peu.
Je trouve qu’elle a eu raison.
Ca me donnait de la force, de voir qu’elle avait tout continué alors qu’elle était malade.
Puis un jour je suis venue à l’hôpital et j’étais très heureuse parce que j’avais retrouvé le garçon qui avait connu maman et qui m’avait piquée, et là on m’a dit que c’était fini.
Elle était morte.
Je n’ai pas pleuré parce que je n’en voyais pas l’intérêt, j’ai juste dit, c’est dommage.
Elle s’était occupée de tout, j’avais le droit de garder sa maison, ce qui était très chouette, j’ai même pu m’habiller avec ses vêtements. Ca m’allait très bien, parce qu’elle était mince comme moi, maman. On se ressemblait, je crois.
Les garçons ont continué à venir. Un peu. Puis j’ai eu peur, très peur. Parce que maman n’était plus là, et que j’étais amoureuse d’elle.
Alors je n’ai plus jamais ouvert la porte aux garçons. Je ne voulais voir personne, parce que la seule personne qui m’intéressait, c’était maman, et elle n’était plus là.
Là, j’ai commencé à ne plus dormir. J’ai très vite été fatiguée, mais je n’y pouvais rien, mes yeux ne voulaient plus se fermer. Ils me montraient maman toute maigre, toute ridée. Alors qu’elle n’avait même pas de ride, mais ça, c’est de la faute à mon imagination.
J’ai bu, un peu. Parce qu’avant, j’aimais bien boire avec les garçons, et j’ai remarqué que c’était encore meilleure quand j’étais toute seule, et toute nue, dans le salon. Quand je commençais à avoir froid, je mettais une robe de maman. Et ça allait tout de suite mieux.
Sauf que les images de mes yeux revenaient de plus en plus, je voyais des trucs comme si c’était la réalité, maman me faisait peur, elle était presque morte dans son lit d’hôpital, et je me voyais à côté, sans me rendre compte que mon amoureuse allait me laisser toute seule. Son sourire était horrible.
J’ai bu de plus en plus. Un peu n’importe quoi. Et j’ai commencé à pleurer, aussi. Beaucoup, comme pour rattraper tout mon retard en larmes. J’avais plein de morve sous le nez, c’était dégoûtant. Mais je voulais surtout pas essuyer, parce que je pensais que les mauvaises images partaient comme ça, et si je frottais tout, elles allaient revenir. Et ça, je ne le voulais vraiment pas.
J’ai finalement réussi à redormir un peu. A m’endormir et à me réveiller quand il faisait très, très jour. Je partais jardiner, ou chantonner dehors. Je mettais un chapeau de maman, et je cueillais des fleurs, aussi, ou même je faisais un gâteau avec de la vanille dedans. Pour oublier, oublier le plus possible tous les monstres qui allaient se réveiller, encore, et qui allaient s’amuser avec moi…
C’est le soir que j’ai peur. Avec la nuit…
Je ne comprends pas pourquoi maman m’a laissée toute seule, j’ai mal fait quelque chose peut-être ? Je réfléchis, mais non, les garçons m’ont bien dit qu’on avait le droit de faire ces choses-là. Alors ?
J’ai peur, j’ai peur, viens me chercher, maman.
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeMer 2 Fév - 16:39

Je sais pas quoi dire... Tu as une façon d'écrire qui transperce et chamboule tout dans notre tête... Alors que dire de plus? à part peut-être "Wow"...
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Azertipi
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeSam 5 Fév - 20:12

Oh mon Dieu. Je suis totalement tiraillée entre deux parties de mon coeur. Il y a celle qui a pleuré, et celle qui a eu la nausée.
Je suis paumée, là... Laissez moi le temps de respirer.
Ce texte donne le vertige ! Leeloo, tu diras à ta copine qu'elle a du talent pour donner des émotions fortes... J'ai l'impression de flotter dans un nuage !
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ArwenSW2
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeDim 6 Fév - 14:50

Hello.

Je sais pas comment tu fais, ma Leeloo, mais tu arrives à parler de choses que d'autres ne rendraient que sordides, et toi, tu en fais une histoire à la fois belle et cruelle, tendre et violente. On a toujours l'impression que tes personnages traversent des tempêtes et se disent juste, l'air distrait, "tiens, il pleut". Un sentiment d'étrange étrangeté, de familiarité pourtant si éloignée émanent de tes textes.
Et je sais que tu as du mal à t'en rendre compte, à te l'avouer, mais tes textes, ma Leeloo, ils sont très bons.
Tu vois, j'ai reçu le livre du Prix des Jeunes Ecrivains de l'année dernière (oui, j'avoue, j'ai triché, moi aussi, j'y ai participé), et je suis persuadée que tu as toutes tes chances, ma Leeloo. Penses-y, dans les moments de doute, quand tes cours te font chier et que tu te sens toute petite : tu as un putain de talent, ma vieille.
Et maintenant, tu le sais, alors, ne l'oublie pas. Jamais.
Ta vie, c'est écrire. Tu m'as dit l'avoir réalisé. Et le cinéma. Et Paris.
Viens, ma chérie, viens vite. Nous, ici, on t'attend. Le quartier latin ne me parle que de toi, et la Sorbonne soupire après tes mots.

Beaucoup de bla bla pour te dire ce que je pense donc de ce texte : comme à chaque fois, j'y viens avec une appréhension. Je lis le titre, tes mots de présentation, et puis, non, je ferme la fenêtre. Et je reviens, je respire un grand coup, et je me lance. Je lis tout d'un coup parce qu'on ne peut pas s'arrêter, c'est comme ça. Et on en sort changé. Si, c'est vrai. Je sais pas trop comment mais ce texte fait partie de nous désormais, et ses images dansent dans nos esprits, et en se couchant et à l'aube, au réveil, on y repense.

Mon numéro de dossier, c'est le 401. Moi, je sais que je ne gagnerai pas, parce que je ne suis pas moderne.
Mais, toi, quel que soit ton numéro, qu'il te porte bonheur, et qu'il te pousse jusqu'à Muret, en mai.

Bisous.
Julie.
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Azertipi
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeDim 6 Fév - 17:49

Wow.
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leeloo
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeVen 11 Fév - 14:20

J'ai tout écrit hier soir, en fait. Mais je n'ai pu me reconnecter que maintenant. Je ne me relis pas, ou j'effacerai tout, et ce serait plutôt maladroit de ma part.

Az,
Tu vois comme je suis bête, mais je suis presque fière de ta première réaction. Le terme de fierté est très mal choisi, mais disons que je suis touchée, positivement.
Pour les larmes, par contre, je suis désolée…
J’ai écrit cette histoire un soir. L’atmosphère s’y prêtait. Je l’ai écrit vite, rassurée par la présence de la voisine, derrière le mur. Et puis j’ai ri, et je me suis dit « vas-y, dors bien, maintenant… » D’où le titre ridicule. J’ai tellement de mal, à trouver un titre et une histoire. J’ai soit l’un, soit l’autre, rarement les deux.
J’aime cette histoire parce que j’aime être sombre. Je suis plus faite pour ça que pour les contes merveilleux. Puis, je ne sais pas… Maintenant, je le vis moins bien. Créatrice de démons. Ca m’imprègne, ça me mange, me dévore presque. Alors, j’ai peur de ce que j’écris, j’ai peur de devenir ces personnages, j’ai peur que ce soit, en fait, sur le papier. J’ai peur de basculer. Trop fragile, la Leeloo. Trop entière, peut-être.

Nuratarien, merci. Je suis presque gênée d’avoir écrit ce que j’ai écrit, tant je… suis allée assez loin. Tes quelques mots m’ont fait sourire, sourire de soulagement. Juste, merci.

Mesdemoiselles, vos deux « Wow. » m’ont plu.
J’écris parce que j’en ai envie, besoin, je pose quelques mots ici et à chaque fois, c’est particulier, je regrette, toujours. Je m’en veux de me montrer. J’ai du mal avec le regard des gens. J’espère réussir à ne plus montrer de textes, mais c’est là mon ambiguïté, parfois j’ai envie de montrer. Voilà, parfois j’ai envie de montrer, mais je ne supporte pas qu’on regarde. Qu’on puisse juger. Qu’on ne voit pas tout ce que j’ai mis, là, derrière quelques lignes. Peur de ne pas être comprise, d’être ridicule.

Cette semaine, exercice curieux à la fac. Mr R. nous a lu un poème en prose. Je n’ai pas écouté, je n’ai pas pu, je suis incapable de rester attentive à ce qu’on peut me lire, je ne sais lire que de moi-même. Une fois qu’il eût terminé, il nous a demandé de lui dire les verbes qu’on avait retenus. Alors les verbes ont fusé, de la part des autres, et au fur et à mesure il les écrivait au tableau. Feutre noir sur blanc glissant. Il a souri avec ses yeux bleus tellement bleus que c’est troublant, et il a dit « allez-y. Ecrivez-moi un texte avec ces verbes, dans l’ordre dans lequel vous les avez énoncés. » J’ai ri. Je n’étais pas la seule à rire, je crois qu’on était tous surpris. Alors j’ai commencé à écrire, j’étais pas mécontente de moi. On devait échanger son texte avec celui de quelqu’un d’autre, et ainsi lire les mots des autres, au début j’étais confiante. Puis dès que ma feuille est passée dans une main inconnue, je n’ai plus aimé. Je n’étais pas contente du tout que ces gens que je ne connais pas et avec qui je n’ai aucun point commun (je suis ignoble, je déteste tout le monde, je déteste les autres) puissent lire mes mots. Le manège s’est arrêté, et Mr R. nous a demandé de lire notre texte à voix haute. J’étais, là aussi, contente. J’ai, là aussi, vite déchanté. J’ai vu qu’on pouvait refuser, certains refusaient. Quand est venu mon tour, je me suis tu (tue ?). Trop nulle. Trop con, mon texte. Pourquoi est-ce que je raconte ça ? Peut-être pour dire ma dualité. Mes mots, ce sont comme mes enfants, même pour mes mots les plus laids. Ils viennent de moi, même les plus ridicules. Mais dès qu’ils sont exposés, ils ne m’appartiennent plus, ils peuvent ne pas plaire, ils vont être jugés, toisés.
Je crois que je manque cruellement d’humour, de… peu importe. J’ai l’impression de ne posséder que ça, que les mots. Que ces phrases qui surgissent, comme ça, n’importe où, et qui… comme si c’était ma seule « qualité », mais encore, en est-ce une ?
J’espère réussir à montrer moins de choses, c’est trop difficile. Vos regards sont trop difficiles, même s’ils sont toujours agréables.
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leeloo
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeVen 11 Fév - 14:21

Julie,
Je ne sais pas quoi te dire. J’essaie, pourtant, j’essaie de trouver les mots – impossible. Ca ne vient pas. Tu m’as trop touchée.
Qu’est-ce que je suis heureuse de lire ces mots de ta part… comme si tu savais comme je suis touchée, heureuse, que ça vienne de toi. Tellement heureuse de voir que tu as compris, tout compris. Et si tu savais comme j’ai justement besoin de ça en ce moment.
Si tu savais…
[…] L’usure des rentrées des classes. Je déteste ça. Je voudrais que tout soit fini, j’ai déjà tout donné, quoi, on m’en demande encore ? C’est impossible, je ne peux plus, Julie, je t’assure. Je ne peux plus. Trois mois et demi, je ne pourrai jamais. Je vois les lieux, les gens, les études, et j’ai envie de hurler. Alors, quand tu me parles de la ville-Lumière, quand tu me dis ces choses-là, je suis bouleversée.
J’écris, mais on sait que ça n’ira jamais au-delà. Je me résigne. Je continue à rêver parce que je suis comme ça, atteinte de bovarysme, je suis stupide de m’acharner parce que ça me fait mal, mais la banalité que je suis sait très bien que rien ne se réalisera. Paris me manque, mais je sais aujourd’hui que je serai mal là-bas comme je suis mal ici. Tout me suivra, et le fait d’en avoir conscience me soulage curieusement.
[…]
Je suis surprise de voir que tu as participé au concours du Jeune écrivain… cachotière, va ! C’est bien, je suis vraiment contente que tu l’ai(e)s fait. Pourquoi je n’ai pas de numéro de dossier, moi ? On ne m’en a pas donné. Bordel, t’as eu ça où ? Tu as vu, c’est déjà mal barré, ils ne m’ont pas prise en compte. Il y a quelques belles nouvelles, dans le recueil 2004, je n’aime pas Pierre Buty, il m’énerve, il avait déjà gagné à dix-sept, il écrit comme […], je n’aime pas, trop masculin, trop froid, ça m’énerve de voir qu’on peut gagner comme ça.
Merci pour tout Julie, je ne sais pas comment te le dire autrement. Je le sens, tu es toujours là. Tu me manques. J’aimerais beaucoup lire ton texte, celui que tu as envoyé. Je pourrai ?
Je n’ai même pas dit la moitié de tout ce que je ressens, tant pis, les crochets sont là, trois fois, parce qu’il y a eu des mots derrière, mais je n’ai pas osé les écrire, ou les laisser.

Merci.

Aurélie.
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Zaza
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitimeVen 11 Fév - 14:54

Pas autant que tes textes,j'aime ta façon de t'exprimer Leeloo
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MessageSujet: Re: C'est pas moi, c'est pour ma copine   C'est pas moi, c'est pour ma copine I_icon_minitime

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