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| | Le mot du Japon | |
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+4Azertipi Loeayn Nanou Kusanagi 8 participants | |
Auteur | Message |
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Kusanagi Senseï-Administratrice
Nombre de messages : 5083 Age : 46 Localisation : sur le wired Humeur : CHIEUSE... Date d'inscription : 25/09/2004
| Sujet: Re: Le mot du Japon Lun 20 Fév - 23:18 | |
| LE MOT DE LA SEMAINE - “FUHAI” : LA DÉPRAVATION Calligraphie de Kyoko Morl Le 23 juillet dernier, vers 16 h 35, un séisme a frappé la partie est de Tôkyô, paralysant durant plus de quatre heures la totalité du réseau ferroviaire de la capitale. Bloqué dans une rame de la ligne Sôbu, j’en ai été quitte, ainsi que les autres voyageurs, impavides de bout en bout, pour un moment d’inconfort : ce jour-là, l’intensité du séisme a atteint “seulement” une magnitude de 5 sur l’échelle de Richter. Mais le tremblement aura été suffisamment intense pour que chacun expérimente, en avant-goût de LA grande secousse qui finira tôt ou tard par se manifester, la fragilité d’une mégapole dont l’heureuse urbanité dépend en dernier ressort de la confiance accordée par ses habitants à la compétence d’une multitude d’experts qui font tenir, en coordonnant leurs actions, des systèmes vitaux comme les transports ou l’information. En juillet, malgré la pagaille provoquée, la politique antisismique japonaise n’a pas été mise en doute – il y a eu peu de dégâts, et, surtout, nul n’était encore au courant de la sidérante dépravation du secteur de la construction. Un scandale récent – le maquillage du cahier des charges de dizaines d’immeubles récemment bâtis – non seulement plonge dans l’angoisse les particuliers et les professionnels qui en ont pris possession, mais a aussi pour effet d’anéantir ce qu’on pourrait appeler la foi moderne, cette croyance de chacun dans l’intégrité et le savoir-faire d’univers institutionnels auxquels on confie la gestion de pans entiers de sa vie. Il va de soi que l’habitat représente un domaine crucial, a fortiori dans un archipel que touchent 20 % des séismes de magnitude 6 et plus. Les ingrédients sont dorénavant réunis, hélas, pour que s’installe la panique. | |
| | | Kusanagi Senseï-Administratrice
Nombre de messages : 5083 Age : 46 Localisation : sur le wired Humeur : CHIEUSE... Date d'inscription : 25/09/2004
| Sujet: Re: Le mot du Japon Sam 2 Fév - 20:43 | |
| En ces temps de panique boursière et autres, finalement, le Mot du Japon de la semaine de Courrier International est bien choisi... “KIBÔ” : L’ESPOIR Calligraphie de Kyoko Mori Si l’on en croit le quotidien Asahi Shimbun, qui, depuis octobre dernier, publie une série d’éditoriaux sur le thème de l’espoir, 370 albums sortis en 2007 ­faisaient figurer dans un des titres de leurs chansons le mot kibô – “espoir”, donc, en japonais. Bien sûr, musiciens et poètes ont de tout temps chanté des lendemains meilleurs. Mais tout porte à ­penser que, pour les Japonais, le sens de l’avenir a changé quelque part dans les années 1990, avec les modifications drastiques qui ont affecté leur présent suite à la crise économique et morale que l’on sait. C’est le sociologue Masahiro Yamada qui le premier a pointé du doigt l’existence au Japon d’une fracture sociale – dont il situe l’apparition en 1998 – dans un livre au titre évocateur qui pourrait être traduit comme suit : “une société qui distribue l’espoir de façon inégalitaire” (Kibôkakusa shakai, 2004). Ce que met en avant le chercheur, ce n’est pas seulement la fin de la classe moyenne et son éclatement en deux groupes, les nantis et les pauvres ; dans le Japon d’aujourd’hui, il y aurait, d’un côté, ceux qui ont accès à l’espoir et, de l’autre, ceux qui ont pour ainsi dire intérêt à ne plus espérer. Les nouvelles configurations institutionnelles, que ce soit au travail, à l’école ou au sein de la famille, ne permettent plus aux personnes les plus fragiles de planifier leur vie ; elles les dépossèdent désormais du sentiment de pouvoir s’engager avec confiance dans l’indéterminé – disposition pourtant indispensable pour penser l’avenir avec espoir, surtout si cet avenir se trouve enchâssé dans une vision libérale de l’action humaine qui valorise non pas tant l’effort que le résultat. Il va sans dire que la société japonaise paie un lourd tribut à cette vision ; les 30 000 cas de suicide annuels sont là pour l’attester. Kazuhiko Yatabe | |
| | | Pandora Vampiro-Jedi
Nombre de messages : 3225 Age : 42 Localisation : Dans la pièce au sommet de la Tour Sombre Humeur : Attend l'Illumination Date d'inscription : 26/09/2004
| | | | JohnCmyers Capitaine Aware du forum
Nombre de messages : 1733 Age : 42 Localisation : Un bled près de Valenciennes.... Date d'inscription : 21/03/2005
| | | | Kusanagi Senseï-Administratrice
Nombre de messages : 5083 Age : 46 Localisation : sur le wired Humeur : CHIEUSE... Date d'inscription : 25/09/2004
| Sujet: Re: Le mot du Japon Mar 12 Fév - 21:38 | |
| Le monde évolue, et les rubriques de Courrier International aussi... désormais, la calligraphie n'est plus uniquement japonaise, mais parfois, elle vient de Chine... c'est ainsi que le mot du Japon est devenu le mot de la semaine... mais il reste en majorité japonais. Sur les deu présenté, devinez leur origine... “Chengxin” : l’honnêteté Calligraphie de Lin Minggang L’un composé des signes de la parole et de la réussite, l’autre de ceux de l’homme et de la parole, les deux idéogrammes du mot “chengxin” (honnêteté, confiance) montrent à quel point la parole compte pour un homme de culture chinoise. La formation de ce mot implique que la réussite résulte de l’honnêteté et que le crédit d’un homme est fondé sur ses paroles. Il évoque tout simplement le fait de dire la vérité. Cette qualité compte parmi les valeurs les plus fondamentales du confucianisme. Pourquoi un débat sur une vraie-fausse photo d’un vrai-faux tigre fait-il rage aujourd’hui ? Pourquoi les autorités locales persistent-elles à défendre le mensonge ? Pourquoi un tigre déclaré disparu passionne-t-il des millions d’internautes chinois ? C’est cette valeur qui est en jeu. En 2001, la dissertation de chinois au concours national d’entrée à l’université portait sur l’honnêteté. Les candidats devaient réagir à l’histoire suivante : un jeune homme voulant passer un gué porte sept paquets. Ce sont respectivement : santé, beauté, intelligence, connaissance, richesse, gloire et honnêteté. Pour l’amener sur l’autre rive, le vieux batelier lui demande d’abandonner un paquet. Après réflexion, l’homme jette à l’eau le paquet “honnêteté”. Il va de soi que les copies condamnaient majoritairement cet abandon. Mais peu de candidats se sont interrogés plus avant sur le choix du jeune homme. Or on pourrait conclure qu’il y a des moments dans l’histoire où l’honnêteté n’a pas la cote et où le mensonge triomphe. Si l’on revient à notre vrai-faux tigre, cette fable paraît soudain terriblement révélatrice. La société chinoise a-t-elle perdu honnêteté et confiance ? Les Chinois ne sont-ils pas à la recherche désespérée de ces valeurs fondamentales ? Chen Yan“NISE” : LE FAUX Calligraphie de Kyoko Mori Tout étranger vit dans la duplicité. A l’image de l’éléphant que le dressage pervertit, représenté à droite dans le signe ci-dessus, il s’installe dans le faux car il cache sa véritable nature pour induire en erreur autrui – ici le Japonais, intègre par définition. C’est du moins le détestable postulat sur lequel repose le dispositif d’enregistrement des données biométriques mis en place à la frontière par Tôkyô le 20 novembre dernier. Dans le contexte de l’après-11 ­septembre, il est de bon ton de qualifier une telle démarche de “réaliste”, oubliant au passage l’attentat commis par la secte Aum en 1995, un mal engendré par la modernité japonaise. De fait, la nouvelle mesure tente de réintroduire la coupure ontologique entre, d’un côté, les nationaux, exemptés de l’obligation de se soumettre au test biométrique, et, de l’autre, les non-nationaux, terroristes ou immigrés clandestins en puissance. Elle exprime ainsi la nostalgie d’un temps où une tour panoptique appelée Etat parvenait à contenir les Japonais dans un espace national immaculé, pensé comme un vaste milieu d’enfermement qui les préserve des impuretés. Au service de cette impossible quête sont convoqués les outils d’une société de contrôle qui fait appel, selon la pénétrante analyse de Gilles Deleuze, au mot de passe, c’est-à-dire au chiffre, qui renvoie lui-même à des individus devenus des “dividuels”. En effet, le contrôle passe désormais par le recours à des banques de don­nées distantes qui ôtent à l’individu son caractère indivisible – procédure familière aux Japonais, pour lesquels la sensation d’exister dépend de plus en plus de la traçabilité de leur parcours et non de la mémoire, de la consultation de l’historique (au sens des logiciels) et non de l’Histoire, et donc du politique. Que la mesure du 20 novembre n’ait guère suscité d’émoi n’est pas étonnant. Kazuhiko Yatabe | |
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