L'Interphase

Alors voilà, Artie ayant encore des problèmes de connection (je suggère un opération sur son ordi pour lui faire comprendre qu'on ne bloque pas impunément p'titeelfe!!! ) elle me charge de publier en son nom son histoire de fantasy:L'interphase


Cette nuit-là, la jeune avait eu du retard, prise à cours par le temps. C'est pour réaliser un raccourci qu'elle coupa par la Grand'Plaine. Au bout d'un moment, elle entendit le silence se briser par un chant lointain. Elle s'arrêta alors un instant, pour tendre l'oreille mais aussi pour se reposer avant de reprendre la route.
C'est malgré elle qu'elle finit par s'endormir, bercée par le chant pourtant peu audible. En son sommeil, bizarrement, elle entrevit de noires silhouettes et pû ouïr nombre de cris de batailles antiques, parmi lesquels se distinguaient nettement les entrechocs de lances, les sifflements des flèches et les épées tirées.
Effrayée par tant de bruit autour d'elle, elle se mit sur son séant, et observa... la nuit. Elle était seule en cet espace, mais elle pouvait pourtant écouter un véritable fourmillement : les échos d'armées invisibles qui semblaient s'affronter sans s'occuper de la jeune fille, perdue au milieu de ces nuées de bruit.
Ayant entendu parler des vieilles légendes d'autrefois qui avaient pour théâtre les environs, elle prit la sage décision de se boucher les oreilles, et de rester là en attendant l'aube, sans vouloir tenter l'aventure dans ce cadre surnaturel.
Longtemps elle attendit, mais l'aurore ne venant pas, elle perdit patience; prit son courage à deux mains, et se mit à hurler pour demander de l'aide et se faire entendre dans ce vacarme.
Malheuresement, cela n'eût pour effet, bien plus redoutable et terrifiant, de faire planer soudainement un silence de mort. Enfin, l'impression pesante d'avoir enfreint l'interdit s'étant dissipée, elle se leva et reprit sa marche, impatiente d'en avoir fini avec ces curieux évènements.



A présent, voilà notre infortunée en train de poursuivre sa route. Cela fait déjà plusieurs heures déjà qu'elle erre dans la nuit sombre et sans fin, lorsque, au sommet d'une colline, elle se pose, bien calée contre un vieux menhir. Puis, accroupie, elle met son menton sur ses genous et ferme les yeux quelques instants.

Cependant, elle ne peut s'empêcher de murmurer pour elle-même :
"Quand donc cette nuit aura-t-elle une fin? Je ne veux être condamnée à errer ici toute ma vie, dans ce néant sans fin. Mais l'aurore prochaine existera-t-elle?
-Cela, nul ne le sait.Tout dépendra simplement de l'issue de l'Interphase." répondit une voix rauque, venue du fond des âges, chaleureuse pourtant.
-L'Inter... quoi? Qui parle ainsi? Si je suis devenue folle, j'aimerais au moins ne pas demeurer solitaire, savoir qui est là.
-Folle, pourquoi pas, ce n'est pas si mal après tout", répliqua la voix avec ironie. "Passons. L'Interphase, c'est l'affrontement entre deux dimensions, une sorte de transposition, si tu veux, et ce à un certain point du monde, durant lequel tous les rêves, les cauchemars et les folies des êtres pris sont mis au jour sur l'instant.
-Et si mon rêve était de rentrer le plus vite possible à la ferme?
-Laisses-moi finir. Il ne s'agit pas ici de se réjouir de l'aspect particulier des aventures que tu risques bien de vivre, malgré que cela ne semble aucunement t'attirer; mais bel et bien de reter calme, car ici la fantasmagorie n'en fait qu'à sa tête. Inutile de préciser que ton destin à toi, malchanceuse parmi les malchanceux, ne dépend que de la victoire, ou de la défaite, de ta propre dimension.
-Comment cela se fait-il? N'y a-t-il aucune solution?
-Pour t'être sincère, non. Le seul rêve ici auquel tu ne puis accéder, est ta délivrance. Pendant l'Inter phase, du moins. Le seul moyen de retrouver ta liberté est d'espérer que notre dimension l'emporte. Tu ne peux RIEN faire en ce sens, le combat qui a lieu entre deux dimensions étant de gtrop grande envergure pour être influencé par un simple et chétif petit être humain. Mais quelle que soit l'issue qu'aura ce duel, il y aura obligatoirement des êtres vivants qui périront : pour l'autre dimension, comme toi, il y a en ce moment même des êtres prisonniers.
-Ainsi, que puis-je donc faire, hormis mettre mon espérance à rude épreuve? Si je dois mourir, j'aimerais savoir que faire en ces derniers instant, si tel le voulait le Destin... " balbutua Cyriëlle.
-C'est très courageux à toi, mon enfant. Tu peux, si tu le souhaites, rester auprès de moi, vieille pierre miroitante, en attendant que finisses l'Interphase. Ainsi, peut-être que je trouverais ma fin, car après tant de millénaires, je crois en avoir assez vu. Je suis lasse de voir la destruction de la nature par les hommes et j'ai besoin de repos.
-Vous seriez prête à renoncer?!
-Pas renoncer, pour moi, tu sais, cette fin est naturelle. Cela va dans le cycle normal des choses. Allez, ne te laisse pas envahir par la langueur, et apprécie ta jeunesse pour profiter de l'Interphase. C'est une belle nuit pour se promener, n'est-ce pas? Pendant que les étoiles sont hautes et que la Lune brille. De plus, jamais, tu n'auras par la suite l'occasion de voir autant de choses extraordinaires que pendant cette nuit-là. Et avec un peu de chance, tu pourras même voir des choses de l'autre dimension. Va. Tu pourras revenir me voir, je ne vouge pas d'un pouce." dit la pierre malicieusement. "Je te souhaites une bien douce nuit, quoiqu'il en soit, envers tout."
-Merci... Bonne nuit à vous aussi, je vais suivre votre conseil, vous m'avez convaincue, et à présent je vais en profiter. A bientôt, peut-être."

Puis, Cyriëlle s'élanca, une lueur dans ses clairs yeux et le vent s'amusant avec ses longs cheveux roux, dévala la colline, et dans la nuit disparut de la vue du menhir millénaire.



La première chose qui devait frapper Cyriëlle de toute cette nuit prolongée et surnaturelle devait être le silence glacial et exceptionnel de la nuit, qui était habituellement ponctuée de divers petits bruissements particuliers, si caractéristiques de l'Île d'Irlande.
C'est la raison pour laquelle son attention fût attirée tout d'un coup plus précisément par des sons étouffés et précipités, comme des rires et des bruits de froissement, de bourdonnement d'ailes qui semblaient courir sur les ailes du vent, au-dessus des herbes sauvages de la verte lande.
Suivant son intuition, et ses chuchotements, elle parvint à proximité d'un curieux enchevêtrement d'arbres dont les troncs étaient pâles et les feuilles argentées dans le clair de Lune de l'Interphase.
Cet entrelac végétal était blotti contre une colline, et la recouvrait entièrement, ainsi que sur quelques miles à peine où se distinguait une végétation semblable.

Après avoir contemplé ce spectacle resplendissant dans la fraîcheur, et poussée par la curiosité, peut-être également par la magie qui semblait perpétuellement habiter ces lieux, Cyriëlle entra dans le bois. Elle suivit encore une fois les chuchotements pour aboutir dans une "salle" ouverte sur la voûte des cieux, qui semblait s'appuyer sur les arbres de Lune.
En levant les yeux, elle n'osa les croire, mais admira pourtant le spectacle qu'ils lui offraient : les milliers de bruissements d'ailes étaient à présent là, tout autour de Cyriëlle, tournoyant dans les airs ! Ici, il y avait des centaines et des centaines de gouttes cristallines qui pendaient aux extrémités des branches, et plus les bruissements d'ailes s'affairaient auprès des perles de lumière, plus elles grossissaient, comme des bulles soufflées par un enfant...
Puis, lorsqu'elles atteignaient une bonne taille, telles que des boules de marins que l'on accroche sur de frêles esquifs, elles se détachaient avant de s'envoler dans les airs et de s'illuminer d'un feu intérieur, comme autant de bulles portées par une brise rieuse.

Cyriëlle alors se souvint de ces contes que lui narrait autrefois sa grand-mère au coin du feu, et qui lui offrait du savon pour que, "en s'envolant, tes bulles servent de transports aériens aux Fées", et elle ne regretta nullement de les avoir écoutés avec attention, car elle sentit son coeur léger.
L'on dit que les spectacles les plus touchant et les plus merveilleusements candides sont ceux qui vous apaisent le plus l'esprit. En cet instant, cette expression ne devait pas être démentie, car, tandis que Cyriëlle désirait ardemment de tenter de se déplacer au milieu de la clairière, elle se sentit paralysée, comme saisie par les jambes ou le buste, et était incapable de bouger.
Elle baissa les yeux : elle réalisa qu'étant plongée dans ses songes, de curieuses mains, ou branches à la peau fripée l'avaient saisie avec une délicatesse extrême, pour ensuite l'enserrer rudement à la manière d'un lierre maléfique.
En vain, elle se débattit avec énergie, mais elle cessa vite, constatant que l'étreinte était beaucoup trop imposante et obstinée pour elle, d'autant que plus elle y mettait de la rage, plus l'étreinte végétale l'enlaçait avec force. Oh bien sûr elle finit par se plonger dans une profonde réflexion afin de résoudre son problème, dans laquelle elle s'attarda sur le poignard aiguisé qu'elle portait au côté; cependant il va sans dire que cela était inutile, parce que ce poignard était bloqué par cette ceinture qui la retenait prisonnière.

Ainsi, pendant quelques heures Cyriëlle fût immobilisée au bord de la clairière féerique sans que la situation ne s'améliorât un tant soit peu. Subitement, elle réalisa que la créature qui la capturait se déplacait tout en emportant doucement et lentement (mais assurément) sa proie, "certainement en un lieu isolé" pensa Cyriëlle. En effet, celle-ci semblait vouloir l'entraîner au coeur de la forêt, glissant sur ses racines ondulantes et serpentines.
En observant ce qu'elle pouvait apercevoir de sa ravisseuse, Cyriëlle remarqua combien la créature se hâtait maintenant, pour sa grande et fine taille. Sa peau, ou si l'on veut, son "écorce" grise semblait assez identique à celle des arbres environnants; si ce n'est que son anatomie, et les "outils" dont elle se servait pour attraper, pousser, avancer et manipuler avaient l'air d'être faits d'une chair plus souple et plus brillante que celle des autres végétaux, recouverte de tâches clair-argentées.
Pour le reste, la créature était assez semblable à un vrai arbre sur beaucoup de points, possédant des feuilles, des branches, de la mousse, des racines évidemment, et ornées de champignons et de lichen. D'ailleurs, on eût pû, de toute logique, facilement confondre la kidnappeuse avec un arbre quelconque, poussé là par hasard, si on ne l'avait aperçu se déplacer avec une vélocité surprenante pour sa nature.

Kikoo ma petite elfe!
Je débarque enfin dans ton histoire ... remarque ce n'est pas plus mal, je n'aurais pas à attendre trop longtemps pour la suite de cette balade irlandaise ...

Azertipi a écrit:

J'aime pas attendre... Alors je triche... (Bouh, bah, pas bien !) Je mets de côté tous les épisodes, et je lis tout d'une traîte quand c'est complet !...

Mauvaise nouvelle pour nous qui attendons la suite, Artie a de nouveau un bug informatique (ça c'était juste pour le plaisir de mettre un nouveau smiley)

Et Merci à Bruno pour cette jolie photo d'Irlande !!!

Marchi Bruno pour tes images, c'est aimable à toi de les poster ;o) !! En attendant, je poste une nouvelle partie...

Ils arrivèrent ainsi au camp, et firent les présentations : ils étaient là quatre compagnons : Tilëa et Doëria, deux Gnomes-Fées, Lilaë, une Fée-verte, et Lindir, un Elfe.Et tous venaient d'Alianeth, un monde lointain, la dimension adversaire de la dimension terrienne, cette dernière étant celle de Cyriëlle. Ils discutèrent longuement, chacun étant curieux des coutumes de l'autre, si bien qu'en peu de temps ils furent amicaux entre eux. Cyriëlle était étonnée de trouver autant de diversité de la part de ces gens, mais aussi différents qu'ils puissent être individuellement, elle les appréciait grandement. Les gens d'Alianeth étaient, quant à eux, joyeux d'avoir trouvé une si aimable demoiselle.

Quand ils eurent bien dialogué et diné (malgré la frugalité du repas cela leur convenait), dormi un peu, Lilaë s'écria :
"Je suggère que nous reprenions en groupe notre route : si tant est que nous soyions isolés par l'Interphase, autant tenter de vivre le plus longtemps possible ! La confrontation n'est pas finie, loin de là, m'est avis que les dangers rôdent et ils essaieront sûrement de nous piéger, sans compter qu'ils nous en voudront pour t'avoir ainsi arraché de leurs griffes.
- Je te suis, Lilaë, cependant pour leur vengeance, je n'en suis qu'incertaine : je ne suis pas une prisonnière de grande valeur, pourquoi voudraient-ils me poursuivre?
- Cyriëlle, oublies-tu donc déjà? Peu de monde passe en leur possession, et tant qu'à faire, ils préfèrent garder comme victime les humains, dôtés de moins de connaissance nécessaires dans ce genre de situations surnaturelles que les peuples magiques, et donc qui possèdent le moins d'efficaces moyens de défense contre eux. Ensuite, comprends-les, quand ils se fixent sur une victime, ils haïssent lorsque celle-ci leur glisse entre les doigts de cette manière, avant même qu'ils n'aient commencé à vraiment s'occuper d'elle. C'est tout à leur honneur.
- Cela me semble clair, mais qu'attendaient-ils, pourquoi me laissaient-ils alors moisir dans cette geôle? Je ne puis le deviner.
- Je connais leur manière de fonctionner, tu sais. Sûrement avaiet-ils repû leur soif d'âme juste avant que tu n'arrives, par grande chance pour toi. Ils ont donc voulu te conditionner avant de vouloir te saigner, car là était leur intention, pour ensuite boire ton âme goutte à goutte aussi continuellement que ton sang se serait déversé de ton corps. D'ailleurs, à ce sujet...
- Quoi dont?" Cyriëlle ouvrit de grands yeux effarés.
"Ce n'est presque rien, je voudrais simplement vérifier qu'ils n'ont pas encore commencé à te 'marquer', pour que le sang qui est en toi coule uniquement dès qu'ils t'auraient infligé le fil de leur noire lame. Pour que tu devienne un temps leur garde-manger docile, autrement dit. Montres-moi ta nuque." Cyriëlle obéit.
"Aïe, c'est bien ce que je craignais : Tous ces esprits que tu as vu ont donc dû servir à t'imprégner de leur noirceur, à te marquer, comme je le disais. Heuresement, ils n'ont pas eu le temps de t'influencer beaucoup. Par chance, cette noire magie est de celle qui se dissipe, utilisée seulement pour habituer les victimes. Il faut simplement espérer que d'ici là tu ne leur reviendras pas, que tu ne seras point coupée par leur épée non plus. Aussi, prends garde, à toi et à cette tâche qui demeure sur la peau de ton cou.
-Ent... Entendu. Merci mille fois, Lilaë.
-Tout le plaisir est pour moi. Allons, à présent nous devons partir. Eteignons le feu et gardons le nécessaire sur nous."

Sur ce, ils repartirent, plus décidés et reposés qu'auparavant. Ils marchèrent longuement à la recherche d'endroits plus favorables peut-être, mais il leur semblait que malgré l'avantage qu'avaient sur eux les Esprits mauvais de-part leurs habitudes nocturnes, leur aventure était avant tout une dernière et paisible balade entre les amis d'un temps, qui ne devrait plus être le même par la suite, et cela ils le sentaient.
C'est pourquoi ils étaient certainement plus imprudents qu'ils n'auraient dû l'être, mais à quoi bon, lorsque beaucoup de choses trouveront cette nuit leur fin? Ils soutenaient un rapide rythme de marche, certes, toutefois toute cette insouciance s'exprimait par des rires, des chants, des conversations sur la lande.
Je ne peux que leur donner raison, à vivre ainsi un évènement aussi rare que fatal, ce serait une erreur, ou "gâchis" pour le moins, que de ne vouloir voir ces fabuleuses féeries en dépit de leurs dangers. Et, en parlant de la malicieuse féerie...

Lol, effectivement, désolée je m'étais trompée de ligne pour couper... Voici la suite de ce chapitre...

Marchant depuis un temps indéterminé, il se trouva que la petite compagnie eût à se reposer. Tous s'arrêtèrent, haletants sous l'excpetionnel et durable clair de Lune, sur une de ces nombreuses collines, verte et large.

Lindir leva les yeux pour les poser sur la voûte des cieux :
"Par la Déesse-mère, quelle étrange clarté que celle des étoiles cette nuit ! Elles semblent étinceler d'un feu stellaire plus intense que jamais, et leur position est si dissipée ! Je n'en reconnais plus aucune...
- Oh Lindir, mais je n'y avais prêté garde, cela semble si étrange, en effet, et c'est également si splendide ! Je jurerais qu'elles brûlent cette nuit leurs derniers éclats, tant leur lumière est extravagante !
- Je vous accorde ma raison, Dame Cyriëlle," intervint Tilëa, étonné. "Et, en regardant plus fixement le mantel étoilé de la nuit, je viens de m'apercevoir que celui-ci semble flotter et fluctuer au-dessus de nos têtes, un peu à la façon de la surface d'un lac qui serait troublée par un vent inconnu, jugez dont... Je sais que je ne suis pas toujours clair en ma raison, mais même un amateur d'eau ne saurait dire le contraire !
- Pour une fois que tu n'as point seul de telles hallucinations... J'ai beau savoir le danger animant cette vision, et la bizarrerie de cette nuit, mais je suis à présent épris de ses merveilles, ou de la folie qu'elle m'a offert... Assurément c'est l'un des plus précieux dons que j'aie jamais reçu...
- Doëria, je partage ton avis : sûrement chacun d'entre nous avions-nous voulu assez sincèrement ce Ciel pour que la Féerie veuille bien nous l'accorder." conclut Lilaë, toute souriante.

Tout le groupe fût de cet avis, et pendant tout le temps que dura ce voyage irréel, toujours ou souvent chacun éleva son regard afin d'apprécier pleinement de l'exclusivité -mais à quel prix- qu'ils avaient de contempler ce voile nocturne particulièrement capricieux de Dame Nuit. En revanche, ce spectacle ne les empêcha nullement de monter un tour de garde attentif pour que tous puissent dormir ou monter la garde à tour de rôle, à l'abri du sommet de la colline, d'où on pouvait facilement guetter les alentours silencieux, néanmoins troublés de temps à autre par le hullulement d'une chouette lointaine.

Enfin, quand on eût achevé le tour de garde (tous ayant veillé pendant une période du temps qu'ils s'étaient accordé pour le repos), le dernier veilleur réveilla tout le groupe, qui mangèrent un brin et reprirent leur marche prolongée. Ils finirent ainsi par se retrouver dans un singulier horizon qui avait changé d'une soudaine et curieuse façon, qui évoqua pour d'aucun la Lune elle-même : la végétation semblait surgir littéralement des interstices d'un sol calcaireux, parcouru de nombreux galets blancs et autres rochers. Cependant cette végétation était en grande partie composée d'une herbe verte et abondante, et les environs étaient eux toujours aussi "déchaînés et sauvages" géologiquement parlant.
Ils eurent alors à gravir une pente jonchée de multiples nouveaux morceaux de roche et cailloux en tous genre, et de toute tailles, atterris là on ne sait comment. Mais quoiqu'il en soit, que ce soit la faute de Géants, de Nains ou de Titans, la situation était la même : Elfe, Fée, Humaine ou Gnome-fée, chacun trébuchait et se raccrochait à son voisin, qui l'aidait à revenir sur la côte d'un simple coup de main.
Là, parvenus au sommet, ils oublièrent tout de suite leur laborieuse montée, ou du moins se félicitèrent d'avoir persévéré jusqu'au bout : devant eux se déroulait un paysage grandiose, une vallée quelque peu encaissée à leurs pieds, puis, à la suite de reliefs rocheux, une vaste plaine vallonnée par des collines. Dans le fond, après avoir scruté longuement, ils crûrent même voir la Mer, la vaste Mer, qui scintillait et étincelait comme des milliers de paillettes cristalines sous la clarté lunaire, et, remarquèrent-ils encore, jamais celle-ci ne leur avait semblé si ensorcelante, mais faut-il relever tous les sortilèges que la nature présenta à leurs yeux cette nuit-là?

Ces yeux de l'habitude avec lesquels ils regardaient quotidiennement toute chose semblaient renaître, et à présent ils redécouvraient les charmes de Dame Nature avec un regard d'enfant étonné, totalement innocent des choses qui peuplent ce monde. Ensuite, s'arrachant à cette vision, ils prirent un petit chemin qui serpentait sur l'autre versant de la falaise jusqu'à rejoindre un jeune ruisseau frémissant en bas de la vallée. Descendus là, ils remplirent leur gourde et longèrent la rive peu profonde, ravis de trouver un endroit calme et empli de fraîcheur, rassénérant même, qui était réellement apaisant pendant une telle marche.
C'est ainsi qu'ils parvinrent en un endroit, où le lit du cours d'eau était si mince qu'il formait un large gué, de temps à autre troublé et déformé par de larges pierres plates, poudreuses et sans aucun angle. Curieusement, la troupe jusqu'alors joyeuse et chantante, était redevenue silencieuse.

Peut-être était-ce à cause de leur fatigue ou de l'espace qui régnait autour d'eux, toujours est-il que quelque chose les contraignait envers tout le calme à garder leur pensées pour eux.
Et, subitement, dans cette atmosphère lourde, une observation poussa Doëria à parler :
- Je n'aime pas cette ambiance : tout semble si paisible et si reposant autour de nous, pendant que tous mes sens sont en éveil comme en présence de mauvaises choses. De plus, je ne sais si vous l'avez remarqué mais depuis tout à l'heure nous sommes épiés par une nichée de corbeaux... Je suis certain que ces bougres sont à l'origine de ma méfuance.
- Peut-être as-tu raison, Doëria : soyons prudents, on ne peut jamais savoir. En revanche, rassures-toi, nous allons bientôt passer sous le couvert d'arbres, ainsi nous serons à l'abri de leurs regards perçants.
- Espérons-le. Je n'ai jamais beaucoup aimé ces noirs oiseaux de malheur, et mon imagination est certainement trop taquinée cette nuit... Accélérons, plus loin d'ici je serais, mieux ça vaudra.

Il avait certainement de bonnes raisons, car, une fois sous la lisière des arbres abrités, ils pûrent entendre, surpris, des centaines de piaillements et de croassements en tous genres : partout dans la vallée, d'après ce qu'ils pouvaient en voir derrière les branches, les hardes de corbeaux s'étaient levées dans les airs comme à un signal invisible, et plus recoin de la combe ne devait échapper à leurs petits yeux obscurs. Par dizaines de groupes, ils tournoyaient au-dessus de la vallée, plongeaient en piqué ou remontaient, planaient, se posaient en tout sens.
Soudain, ils frémirent : ils entendirent des hurlements par-delà la vallée. Puis, surgissant de la pénombre, sept gigantesques silhouettes noires déployèrent leurs ailes et encerclèrent avec rapidité et obstination le sol, s'en rapprochant de plus en plus près, jusqu'à enfin atterrir dans un bruit de doux froissement, après avoir longuement observé les moindres détails de l'endroit si silencieux.
Ils s'envolèrent à nouveau en un grand cercle : et là, les autres corbeaux, qui avaient pour le moment volé un curieux ballet, perçurent sûrement un second signe, car en un instant ils se furent tous posés et tûs, comme les gouttes d'une effrayante pluie noire charbon.

Les fugitifs qui s'étaient retirés dans le petit bois sombre n'eûrent pas besoin d'émettre une seule recommandation pour que chacun fasse silence. L'attaque battit son plein lorsque, sans bruit, les sept ombres piquèrent vers le bois. Personne ne bougeait. Et comme, tout autour, ils entendaient les corbeaux battre le bois et se resserrer, se rapprocher près d'eux à chaque instant, ils décidèrent de prendre la poudre d'escampette le plus vite et le plus loin possible.
Pour espérer gagner en discrétion, ils se mirent en file indienne, et se faufilèrent entre d'épais buissons. En revanche, cela ne les aidait pas à être tout à fait attentifs à la progression de leurs ennemis, de sorte qu'ils ignoraient où ceux-ci étaient à présent positionnés. Ils avancaient toujours ainsi, le plus silencieusement qu'ils le pouvaient, lorsque Cyriëlle se sentit accrochés par son mantel; et se retournant vivement, elle vit non pas un corbeau, mais un grand esprit drapé de noires étoffes usagées, tâchées et percées de-part et d'autre. Détournant ensuite la tête, et s'aperçut avec désarroi que les autres personnes se faisaient cerner simultanément par six autres esprits, dont certains n'avaient pas encore complètement achevé leur métamorphose pour passer du corbeau à l'ombre...
Et, sans avoir eû le temps d'échanger une seule parole, ils se firent immédiatement attaquer par les sept créatures, qui brandissaient avec agilité leurs mortelles lames noires, paralysant ceux qu'elles frappaient. Il va sans dire que les esprits eûrent tout d'abord le dessus, par leur rapidité et leur effet de surprise, et aussi la façon dont ils réussirent à isoler chacun de leurs adversaires.Durant cette courte bataille se firent entendre nombre de liquetis de lames, car avec l'ardeur et la dextérité se battaient chacune des parties, par chance aucun d'entre eux n'étant tout à fait novice dans l'art du maniement des armes.

Enfin, parvint un seuil particulièrement difficile où Doëria et Cyriëlle étaient aux prises avec trois des esprits, et où le reste du groupe étaient opposés aux quatre esprits restants. Aucun des deux clans ne semblant pouvoir prendre le dessus de l'autre, chacun d'entre eux tentait de se constituer une stratégie qui pourrait venir à bout de son ennemi propre.
L'opportunité toutefois ne se présentant toujours pas, le duel semblait se poursuivre obstinément, lorsque soudain Doëria vit l'esprit adversaire s'écrouler devant lui, tordant une grimace sur son horrible faciès putréfié, pendant que les deux attaquants de Cyriëlle subissaient le même sort. Celle-ci, profita alors de l'occasion de voir la surprise affichée par son dernier ennemi, lui trancha la gorge d'un coup sec, noircissant de même sa lame.
Puis, observant avec incompréhension les trois cadavres, et Doëria, elle eût l'attention captivée par un jeune homme de son arbre, perché dans un arbre, qui lui fit aussitôt signe de se taire en plaçant son doigt devant ses lèvres : il tenait quelques gros galets blancs dans ses mains, et, après avoir visé, les lança avec précision dans les vertèbres des trois esprits, qui s'effondrèrent à leur tour pour être poignardés par Tilëa, Lilaë et Lindir.
Cependant, par malchance, le quatrième, certainement plus coriace, reçut également une pierre, seulement après avoir trébuché, il prit la fuite et étendit ses lambeaux de cuir noir déchiquetés qui lui servaient d'ailes pour s'envoler en hurlant d'une faço, à vous glacer le sang.

Voyant l'un de leurs maîtres partir, les milliers de corbeaux présents dans la vallée levèrent le bec, et dans de grands froissements de plumes énergiques, décollèrent d'un seul mouvement pour suivrent la colère qui les précédait, en soulevant une brise étonnamment puissante.

pouf pouf pouf j'ai tout imprimé et je v me lire sa pépère dans mon canapé !!!
j'spr que se sera bien mais vu les critikes !

C'est formidable ca, enfin la suite de l'interphase !!!
Je trouve ton récit particulièrement dépaysant, et je dois
même dire que je suis bluffée par tes idées !!!
En tout cas c'est un plaisir de suivre le feuilleton.
A quand la suite ?

une tite intrusion de l'Elfe Noir pour dire que je l'ai lu et que c très bien !
voila voili i repart de suite

Bonjour, je suis nouveau venu ici (et j'inaugure mon premier post dans ce forum) et ce parce qu'on m'avait conseillé l'Interphase... je me suis donc précipité et oh, j'ai découvert un ptit bout d'texte, bien sympa, qui tire sur le genre héroïc fantasy (nan sans blague) , du sous genre féérie/onirie et qui ma foi ne traite pas trop mal le sujet de la superposition des mondes. Truc marrant, les personnages sont des entités conceptuelles, ne disent rien d'inutile, toujours en accord avec eux mêmes, ce qui simplifie beaucoup le texte. Heureusement d'ailleurs ! Je vois mal Cyriëllese poser des questions sur le lien qu'elle a avec les mondes etc... Bon, enfin, bonne écriture mis a part quelques fautes d'otrhographes et autre coquilles syntaxiques, mais c'est pas trop grave. Les images sont plaisantes, dépaysantes, et l'histoire est vraiment sympa.

Voila je crois que ca suffira pour cet aprem, Miss artie

Vive le nouvel an, si ça arrivait tout le temps, j'aurais souvent l'occasion de recopier mes textes, moi !

Le garçon, descendu de sa branche, parla ainsi :
" Quels drôles esprits, n'est-ce pas? Je ne sais combien de choses extraordinaires j'ai vu depuis que je suis dans cette sombre nuit, mais de toutes ce sont bien ces créatures les plus étranges.
- Je suis de ton avis, répondit Lindir. Mais tu nous as sauvés et je t'en remercie. Comment te nommes-tu, et d'où viens-tu?
- Je m'appelle Gwendydd, je viens d'Irlande, mais celle-ci semble avoir changée d'une inexplicable façon depuis que la nuit est tombée, cette nuit qui elle-même s'attarde au détriment de l'aurore... Et vous tous, d'où venez-vous? Apparemment, vous êtes pour la plupart étrangers à mon pays, aussi, comment vous appellez-vous?
- Hormis cette damoiselle, Cyriëlle, qui vient aussi de l'Île d'Irlande, ici nous venons tous d'Alianeth, une terre assurément lointaine de la vôtre...
- Et voici nos noms : de gauche à droite, il y a là un gnome ("Gnome-fée" grogna Doëria); Cyriëlle bien sûr, moi-même; Lilaë, fée des forêts; Lindir, un Elfe sylvain; et Tilëa, un autre Gnome... fée !" reprit-elle en jetant un coup d'oeil amusé à Doëria qui gesticulait sur place, car elle adorait le taquiner.
- Enchanté de faire vos connaissances ! ", puis, regardant avec anxiété autour de lui :
" Si cela ne vous importune, et si chacun est prêt, j'aimerais que l'on quitte au plus vite cet endroit : les esprits seront furieux quand ils apprendront par le dernier chef des corbeaux que nous avons mis en déroute une harde entière, et assassiné les autres chefs meneurs de cette harde ! Il faut que nous soyions sur nos gardes, sinon ils risquent bien d'envoyer une troupe à notre poursuite... Je vous expliquerais en route ce que vous voulez savoir.
- Cela nous convient, dit posément Cyriëlle, les autres acquiéscant.
Ils suivirent alors Gwendydd qui les menait à la sortie de la vallée en leur indiquant donc ce qu'il savait :
- Je suis entré en cette sombre vallée par un défilé dissimulé au-delà des arbres, au pied du roc. Venez, c'est par ici : ce passage mène au-dehors."

Alors, sans hésiter, ils s'engagèrent dans l'obscurité de la fissure. Ainsi, pendant tout le temps qu'ils avançaient, ils firent plus ample connaissance avec leur compagnon inattendu. Comme on peut s'en douter, les liens du groupe n'ne furent pas déserrés pour autant, au contraire, à chacun de leur pas ils s'en trouvaient toujours plus étroits. A un instant, Tilëa demanda :
" Que faisiez vous dont, avant ce jour?
- Moi, dit Cyriëlle, je travaillais dans une ferme située à quelques miles de chez moi. C'est durant l'un des trajets pour rentrer chez moi que je me suis retrouvée dans cette nuit sans fin. Avant cela, je devais m'occuper de cultures et d'animaux, de cuisine, ...
- Ah? fit Doëria, visiblement très intéressé par la conversation. Pour notre part, nous vivions en rase-campagne dans un village situé entre une montagne ancienne et une profonde forêt... Un endroit très tranquille !
- Et qu'est-ce donc qui a bien pû vous inciter à sortir la nuit ?
- Eh bien, hum... fit Tilëa, visiblement confus. Nous cherchions simplement les myrtilles pour, euh, vous comprenez...Il y avait en une maison un anniversaire, donc nous en avons profité pour aller en emprunter dans un champ, mais nous nous sommes perdus... Et Lilaë était avec nous.
- Et moi, je les ai croisés en chemin, compléta Lindir. Malheuresement, il semble que ce n'était pas le moment d'errer dehors comme je le fais d'ordinaire... Enfin, comment aurais-je pû le deviner? J'aime tellement la paix de la forêt où je demeure, la nuit...
- Certes, quant à moi, je me trouve un peu dans la même situation que Cyriëlle : je vis dans un village, et je cherchai à rentrer de ma journée de labeur quand la campagne est devenue si différente de celle que je connais... Mais je crois que nous..."

Il s'arrêta de parler, et tous s'immobilisèrent, car au même temps se faisait entendre un grand bruit :
" Entendez-vous ce grondement, là-haut? " fit remarquer Lilaë de sa voix pointue, "Je jurerais qu'il s'y passe quelque chose... Nous devrions nous méfier que cela ne soit pas un nouveau tour des esprits."

C'est ainsi qu'ils accélèrèrent sensiblement tout en redoublant de vigilance. Aucun d'eux n'osa à cet instant l'exprimer explicitement, cependant en leur coeur résidait l'appréhension que le défilé ne fusse encombré par quelque intervention surnaturelle à nouveau, et l'angoisse de devoir retourner en arrière par la faute d'un rocher trop volumineux qui se serait placé là pour interrompre leur chemin hantait leurs entrailles."

Vàlà pour cette fois !

BONNE ANNéE TOUT LE MONDE !!