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 L'Ombre d'un grand (un vrai!)

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4 participants
AuteurMessage
O-ren Ishii
Général de la beuverie
Général de la beuverie
O-ren Ishii


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Localisation : In the sky with diamonds...
Date d'inscription : 05/10/2004

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MessageSujet: L'Ombre d'un grand (un vrai!)   L'Ombre d'un grand (un vrai!) I_icon_minitimeSam 25 Juin - 1:26

Bien le bonsoir à vous tous, bande de moules ! Razz

Je crois que c'est la première fois que j'interviens dans la partie litté de la Citadelle, mais c'est pour une occasion... Vraiment très, très particulière. En effet, ce mois-ci vient de paraître pour la première fois en France une anthologie de textes poétiques de celui qui reste à ce jour une des figures de proue de la poésie contemporaine, j'ai nommé l'immense Joachim Sartorius. Pour présenter brièvement le bonohmme... Il est né en 1946 à Fürth, en Allemagne, a énormément voyagé (notamment en Orient, il a vécu à Chypre, au Maghreb et à Istanbul). En Allemagne il a déjà publié quatre recueils de poèmes, ainsi que deux anthologies : Atlas der Neuen Poesie (1995) et Minima Poetica (1999). Il a aussi publié l’œuvre complète de Malcolm Lowry et de William Carlos William. Pour ses traductions (en allemand) de la nouvelle poésie américaine (il a traduit notamment les oeuvres de John Ashbery), il a reçu, en 1998, le prix Paul Scheerbart.

Sa poésie, elle, s'est beaucoup "nourrie" de culture orientale, ainsi que des impressions et des sensations qu'il a recueillies lors de ses séjours à l'étranger... Je ne suis hélàs guère germanophone, ce qui m'empêche de d'apprécier ses oeuvres comme celles d'un Jack Martin ou d'un John Ashbery, par exemple... Toutefois, grâce à l'excellente traduction de ses poèmes, laquelle a été longuement travaillée en étroite collaboration avec le Maître lui-même (j'en sais quelquechose, l'un des deux traducteurs n'est rien moins que le papa de mon copain, ce qui nous a permis d'assister littéralement à la conception, pour ne pas dire la naissance de cet ouvrage!), l'imagerie poétique puissante qui se dégage des lignes, tantôt lyriques, tantôt sybillines, de chacun de ces textes prennent vie, prête à être partagées y compris par ceux d'entre nous qui ne maîtrisent pas la langue de Goethe... Allez, pour le plaisir, voici un petit florilège (avec textes orginaux en allemand et traductions en français) :

In alten Tagebüchern Iesend
(extrait)

Wohin hefte ich meine Augen?
Und wer sind wir nachts?

Ich trete in ein gewaltiges Summen.
Hier sind die meisten Blüten
Und lockere Erde.
Die Luft ist gelb davon
und schwartz.
Ich werde dies Schwarz am Ohr fühlen
Bis zum Sterbetag. Das Dunkle gebe ich
Dir. Sein feinster Teil ist Flügel, Atem,
ist Rede, ist...

Vergiss, vergiss es. Ud stiehl dich
nicht fort. Es gehört zum spiel.
Welchem Spiel? Dem mit Helm
und Visieren. Das wir über Neuronen
wissen und Synapsen, mindert
die Trauer nicht, steigert nicht
unser Glücksgefühl. Ein Cockpit
Ist unser Hirn.

A la lecture de Vieux journaux intimes
(extrait)

Vers quoi fixer mes yeux?
Et qui sommes nous, la nuit?

J'entre dans un violent bourdonnement.
C'est ici qu'est la plus grande floraison
que la terre est plus meuble.
L'air en est jaune
et noir.
Je garderai ce noir à l'oreille
jusqu'au jour de ma mort. L'obscurité, je te la
donne. Sa part la plus infime est aile, souffle,
est parole, est...

Oublie. Oublie ça. Et ne t'y dérobe pas.
cela fait partie du jeu.
Quel jeu? celui avec casque
et visières. Nos connaissances des neurones,
des synapses n'amoindrissent
pas le deuil, n'augmentent pas
notre sentiment de bonheur. Un cockpit,
voilà notre cerveau.
(...)


Die Erste Nacht

Die erste Nacht fing an.
Die Tür des Zimmers öffnete sich auf ein Zimmer.
Es war die Zeit, da die Boote sich in die Häuser zurückzogen.
Dass ein Segel in mir war, wunderte mich nicht.
Es klatschte. Es zählte meine Puls.
Sein nasser Körper gefiel den Sinnen. Sie hielten
In diesem Zimmer mich gefangen. Ein Anfänger
Lernte ich viel dazu:

Das eine Frau sich in mir verteilen kann,
ohne sich um mich zu kümmern.
Das der Apfel der Hexe geteilt ist und hart.
Dass das Flickbuch, wenn Du den Daumen richtig
anlegst, fünf Lagen hat : Der Vögel, Frauen und Läden,
der Selbstbildnisse, dei sich unmerklich verändern,
der Schiffe mit bald vollem, bald schlaffem Segel

Dann schiesst sich der Hafen : Die erste Nacht.
Die See steigt an die Zunge.


La Première Nuit (mon préféré ! lovejap )

La première nuit commença.
La porte de la chambre s'ouvrit sur une chambre.
C'était l'heure où les bateaux se retiraient dans les maisons.
Avoir une voile en moi ne m'étonna pas.
Elle claquait. Elle comptait le rythme de mon pouls.
Son corps humide plut à mes sens. Ils me retinrent
prisonnier dans cette chambre. Le débutant que j'étais
apprit bien des choses :

Qu'une femme peut se répartir en moi
sans se soucier de moi.
Qu'à chaque crépuscule, pour embellir,
je n'ai qu'à me retrouver dans cette chambre.
Que la pomme de la sorcière a deux parties, qu'elle est dure.
Que le livre racommodé, pour peu que tu y places bien le pouce,
a cinq chapitres : celui des oiseaux, des femmes et magasins,
des autoportraits qui changent insensiblement,
des bateaux à voile tantôt gonflée, tantôt flasque.

Puis le port se ferme : première nuit.
La mer te monte à la langue.

Et le dernier :

Bei Wiependorf, August
(vanitas-Sonnett)

Die Wiesen vor uns, ohne Wind,
sie grünstarrende erloschene Uhren
Kiefern riechen nach Harz
und sterben nach Bäumeart vom Kopf aus

brennen ab wie Kerzen
Das Blech des Autos kocht
aufgebahrt auf grünem Moos
neben polierten Nadeln und Wegen

wir gehen weiter unter andere
hohe und durstige Baümr
dir Korridore der Errinnerung

berühren uns
das Glas für dich, aller Duft für mich
das knisternde Land, nieder stürzende Vögel


Près de Wiepersdorf, Août
(sonnet-vanité)

Les prairies devant nous, sans vent,
Nous fixent du vert de cadrans éteints.
Les pins ici sentent la résine
et meurent, à la façon des arbres, en partant de la tête

se consument lentement comme des bougies
la tôle de la voiture surchauffe
sur un catafalque de mousse grise
bordé du poli des aiguilles et des chemins

Nous poursuivons sous d'autres
grands arbres assoiffés,
les corridors du souvenir

nous effleurent,
le verre pour toi, toute senteur pour moi,
contrée crépitante, vol en piqué des oiseaux.


Voilà, j'espère que la copie des textes allemands n'a pas laissé de fautes...

Ca sort donc aux éditions Grèges, ça s'appelle Des Ombres sous les Vagues et c'est à découvrir absolument si vous aimez la poésie!
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sunny
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sunny


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MessageSujet: Re: L'Ombre d'un grand (un vrai!)   L'Ombre d'un grand (un vrai!) I_icon_minitimeSam 25 Juin - 1:38

Merci O ren !

sunny
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Kusanagi
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Kusanagi


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MessageSujet: Re: L'Ombre d'un grand (un vrai!)   L'Ombre d'un grand (un vrai!) I_icon_minitimeSam 25 Juin - 11:05

Danke schön, O-Ren... bon, moi ai un rapport avec l'allemand plutôt... tordu, mais j'aime bien ces poèmes!
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Loeayn
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MessageSujet: Re: L'Ombre d'un grand (un vrai!)   L'Ombre d'un grand (un vrai!) I_icon_minitimeSam 25 Juin - 16:09

Ouaouh ! Et moi qui me faisais une joie rien que de voir un nouveau poète apparaître dans ma liste de lecture, et en plus, tu nous en fournis des extraits qui sont ma foi bien convaincants...

Ce monsieur a un fan de plus. Rhâ... Tu feras un gros poutou au papa de ton copain parce que, de plus, on sent qu'il a fait du beau boulot (même si comme moi, on n'a pas fait d'allemand.) ; on a la sensation d'une pensée bien transposée...

Fnac, fnac, fnac... (ouhlà non, c'est pas vraiment raisonnable)
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MessageSujet: Re: L'Ombre d'un grand (un vrai!)   L'Ombre d'un grand (un vrai!) I_icon_minitime

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