Bonne lecture à tous...
LA BATAILLE DU BAC A SABLE…
Je me sens léger. En bas, ça s’agite, ça coure, ça joue. Je continue de m’élever dans les airs. Je croise un oiseau, dépasse un airbus, transperce des nuages. Que c’est beau ! Le ciel est d’un bleu radieux. Le soleil illumine mon visage. Que demander de mieux ? J’arrive au pays des anges. J’y rencontre mes idoles : Alexandre le Grand, Vercingétorix, Aetius, Charles Martel, Charlemagne, Du Guesclin, Vauban, Napoléon, et De Gaulle ! Ils sont tous là. L’un d’eux se rapproche de moi et me dit : « Dommage que tu aies perdu cette bataille ! »
La bataille ! Je l’avais oubliée ! Je me suis assoupis dans mon fauteuil ! Je me lève d’un bond, prend le sac à dos que j’ai préparé la veille et cours jusqu’au hall d’entrée. Je fais une bise à maman et je pars ! Je me dépêche d’aller au parc Lolo la Grange. Je saute dans le bus qui s’apprête à rallier le champ de bataille. Je descends à l’arrêt juste devant l’entrée du parc et me précipite vers le bac à sable. Je renverse quelques passants et un boite de pop-corn mais c’est sans gravité.
Les copains m’attendaient pour commencer la partie. Nous nous disons bonjour en nous serrant la main comme les grandes personnes. Je les regarde droit dans les yeux et essaye de pénétrer leur âme. J’ai vu ça un jour à la télé, il paraît que ça marche à tous les coups, mais je ne dois pas être doué pour ça parce que je ne vois que des yeux. Cette bataille, ça va être du gâteau, j’ai acheté les nouveaux avions américains qui tirent des mini-bombes nucléaires à l’uranium appauvri. Ils vont en pleurer leur mère. Aujourd’hui je fais les grands américains et eux font les petits irakiens. Je prépare ma base et sors mes petits soldats, mais mon arme secrète… je la dissimule dans une grotte creusée dans le sable.
Phase d’observation, je surveille les installations ennemies. C’est bien gardé. Mais ce n’est pas assez pour me décourager : j’ai confiance en mes hommes, ils sauront faire face. Je repère une brèche dans leur défense. J’hésite, j’y vais ou j’y vais pas ? C’est peut-être un piège… Dans le doute, j’envois quand même quelques hommes pour tâter le terrain. J’avais raison de me méfier, ils sont tombés dans une embuscade ! J’envoie quelques soldats pour faire diversion sur le flanc droit et j’arrive à sauver quelques vies. Les irakiens contre attaques en essayant de me prendre par la gauche. Je fais front et je sors une partie des troupes pour les mettre en déroute. Je les bloque contre ma muraille et les extermine tous. Pour l’instant y’a match nul, une attaque ratée partout. J’ordonne à mes mortiers d’ouvrir le feu pour affaiblir le camp adverse, ce que j’aurais dû faire depuis longtemps. Ils s’agitent de l’autre côté ! Mais que font-ils ? Ils lancent les blindés dans la bagarre ! Je ne les avais pas vus ceux-la ! Ce n'est pas grave, je vais pouvoir leur montrer mes nouveaux joujoux. Aussitôt dit, aussitôt fait, les tanks ne firent pas le poids. Et maintenant la voie est libre ! Chargez !
Les copains arrêtent de jouer, ils sont attirés par autre chose… Je me retourne donc. Une foule s’agglutine autour de ce qui doit être un blessé ou une personne ayant fait un malaise. Nous laissons le champ de bataille dans l’état où il est et allons voir ce qui se passe. C’est bien d’un malade dont il s’agit mais de la tête ! Le pauvre malheureux, il doit être atteint de walkmaningite. C’est une maladie qui nous rend dépendant du walkman. Il nous fait donc une crise de manque, c’est banal chez les jeunes ces temps-ci… Nous restons un moment pour voir ce qu’il va devenir, mais la loi des petits soldats est la plus forte. Nous retournons à notre bataille interrompue par ce débile.
Zut, les grands sont là ! Ils ont profité de notre manque d’attention pour mobiliser la place et jouer à nos soldats. Ils rient tous comme des abrutis de première catégorie. Je sens la colère monter, je perds mon sang froid et fonce. J’en prends un au hasard. Quelle chance je choisis le Gros, le chef de la bande. Il ne me voit pas débouler. Je lui envoie mon pied droit dans l’abdomen. Il roule par terre. Je le regarde. Il sourit de ses lèvres grasses. Qu’est-ce qu’il a ? Je n’ai pas le temps de comprendre. Une lame froide me traverse le ventre…